Touching Base
Ma sœur Louise fait partie de ce qu’elle appelle son Club de tricoteuses. C’est un groupe de femmes qui avaient au départ une chose en commun : le tricot. Le club existe depuis 45 ans. Les tricoteuses se réunissent quelques fois par année pour le simple plaisir d’être ensemble et de se parler…mais pas nécessairement pour tricoter. Il y a quelques jours, les tricoteuses se sont réunies chez ma sœur à Maniwaki. Elles étaient 18. Pendant toutes ces années, elles ont partagé leurs joies et leurs peines, elles ont célébré l’arrivée d’enfants et de petits-enfants, mais elles ont aussi pleuré le départ de conjoints, de parents, de frères, de sœurs et d’amis. Je ne sais pas si tous les membres du Club des tricoteuses tricotent encore. Je crois que le tricot est peut-être la raison pour laquelle le club a commencé, mais que ce n’est pas la raison pour laquelle il continue d’exister.
Vous souvenez-vous du film Joy Luck Club ? Il y avait un groupe de quatre femmes d’origine chinoise émigrées aux États-Unis. Elles se réunissaient de temps en temps pour jouer au mah jong. Tout en jouant, elles parlaient de leurs enfants, de leurs espoirs, de leurs inquiétudes et de tout ce qui constituait leurs vies passées et présentes. Pour moi, Joy Luck Club est un des plus beaux films que j’aie vu. Un peu comme pour le Club des tricoteuses de ma sœur pour qui le tricot n’est pas l’essentiel, le mah jong semblait être pour ces femmes un prétexte pour se rencontrer et se raconter.
Si j’ai choisi de vous parler de ça ce soir, c’est parce que nous avons eu aujourd’hui notre rencontre d’ex-collègues de travail chez Suzanne. Nous étions cinq. Il y avait Nicole, Sylvie, Nour, Suzanne et moi. Nous avons développé pendant les années que nous passées à travailler ensemble une relation qui va bien au-delà d’une simple relation professionnelle. Aujourd’hui, nous avons parlé de la vie, de l’amour, de la mort, de l’au-delà, un peu de politique et de religion. Nous avons parlé à cœur ouvert de choses qui nous tiennent à cœur.
Pour moi, il a aussi mes déjeuners de bonhommes avec mon ami André. On se rencontre de temps en temps, à chaque saison, juste pour parler, pour faire le point sur tout ce qui nous est arrivé depuis la dernière fois que nous sommes vus. Nous partageons des souvenirs, échangeons des opinions et parlons un peu de politique et de différents enjeux sociaux. Pour employer une expression anglaise que j’aime beaucoup et qui vient du baseball, on se rencontre to touch base.
To touch base, je ressens aussi de temps en temps le besoin de parler avec mes sœurs au téléphone, juste pour entendre leurs voix et pour leur demander comment ça va.
Je crois que ces rencontres et ces échanges gardent vivantes des parties de nous-mêmes qui auraient de la difficulté à continuer d’exister sans cela.
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