Racisme, préjugés et stéréotypes
Il y a quelques semaines, j’étais à la bibliothèque municipale et je cherchais quelque chose d’intéressant à lire. Je suis tombé par hasard sur un livre d’une romancière américaine du nom de Jodi Picoult.[1] C’était un roman au sujet d’une infirmière afro-américaine faussement accusée d’avoir causé la mort d’un nouveau-né. Le résumé de l’histoire avait l’air intéressant mais j’ai décidé de ne pas emprunter le livre après avoir vu la photo de l’auteure. Pourquoi ? Elle avait l’air jeune et elle était jolie. Je me suis dit qu’elle n’avait pas assez vécu pour traiter d’un sujet aussi délicat et que le fait d'être jolie lui enlevait quelque peu de crédibilité.[2]
Quelques jours plus tard, avant d’aller au chalet, je demande à Maria qui s’apprêtait à aller à la bibliothèque de me rapporter un livre. Elle est revenue avec le même livre. Je l’ai lu parce que je n’avais rien d’autre à lire. C’était excellent ! L’auteure traite du racisme aux États-Unis à partir d’un roman dont l’intrique est vaguement inspiré d'un fait divers. Elle le fait avec beaucoup de finesse et de perspicacité. Dans un passage du livre, une avocate et son assistant, dans le cadre du processus de sélection du jury, interrogent des candidats potentiels en leur posant toutes sortes de questions afin de déterminer dans quels sombres retranchements de leur cerveau pourraient se dissimuler le racisme et les préjugés. Il va sans dire qu’elle engage ainsi ses lecteurs dans une réflexion personnelle sur ce sujet.
Cette expérience a fait en sorte que je me suis fait prendre par nul autre que moi-même en flagrant délit de stéréotypage. J’ai appris une bonne leçon, d’autant plus que le contenu du livre m’a grandement aidé à explorer le sujet plus à fond d'un point de vue personnel. Je me suis demandé quels autres types de préjugés je pouvais bien avoir. Je me suis donc remis dans la même situation et je me suis observé quand je suis à la bibliothèque à la recherche d’un livre. J’ai noté que lorsqu’un auteur qui m’était inconnu avait un nom à consonance juive, peu importe son apparence physique, j’avais un préjugé favorable à son égard. Qu’il soit positif ou négatif, un préjugé n’en reste pas moins un préjugé.
Très souvent, en ce qui a trait aux préjugés, nous sommes entraînés dans un mouvement que nous n’avons pas contribué à créer et qui nous conduit vers une plus grande ouverture d’esprit et une plus grande tolérance ou, au contraire, vers une plus grande fermeture et une plus grande intolérance. Grâce à un effort de sensibilisation dans les arts et les médias, les lois et les mentalités ont changé, et beaucoup moins de gens se déclarent ouvertement homophobes (et le sont en réalité beaucoup moins) qu’il y a un demi-siècle. Par contre, l’élection de Donald Trump a contribué très rapidement à rendre plus acceptables le racisme et les préjugés refoulés d'une grande partie de la population américaine.
Dans le combat contre le racisme, les préjugés et les stéréotypes, rien n’est jamais totalement acquis. Comme l’a écrit Jodi Picoult dans la brève réflexion qu’elle a ajoutée en annexe à son livre, ce combat « is a work in progress » pour chacun d’entre nous. Il faut prendre le temps de s’arrêter et de penser. Il faut aussi profiter de chaque occasion qui s’offre à nous de grandir et d’évoluer. L’important est d’être honnête et ne pas se raconter d'histoires. Et dire que j’aurais pu me priver de la lecture d’un excellent livre à cause d’un préjugé…
Aujourd'hui, je suis retourné à la bibliothèque et j'ai emprunté deux autres livres écrits par Jodi Picoult.
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