Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

On allait au train

Il y avait le train qui montait et il y avait le train qui descendait. Le train qui montait allait de Gaspé à Montréal et le train qui descendait de Montréal à Gaspé. Le train qui descendait partait de la gare Centrale à 11 h 30 du soir et arrivait à Chandler le lendemain vers 2 h de l'après-midi. Environ deux heures plus tard, il arrivait à la gare de Gaspé.

 

Le chef de gare de Chandler s'appelait Gérard Laterreur. C'était un cousin de ma grand-mère. Quand le train arrivait, il y avait toujours beaucoup de monde à la gare qu'on appelait dans ce temps-là la station. Il y avait, bien sûr, ceux qui allaient dire au revoir aux passagers qui partaient, et ceux qui allaient accueillir les passagers qui arrivaient. Il y avait aussi ceux qui allaient chercher des journaux ou des colis, ou qui allaient porter des colis qui allaient voyager dans le même train que les passagers. Il y avait Pit Cyr dans son taxi qui attendait des clients. Pit Cyr était le frère du député libéral au fédéral, Alexandre Cyr.

 

Mais il y avait aussi beaucoup de curieux qui n’avaient pas d'affaires là et qui allaient au train comme on va aujourd'hui flâner dans un centre d'achats sans rien acheter ou prendre un café chez Tim Horton juste pour voir du monde. Ils étaient là pour rencontrer du monde, pour aller aux nouvelles, pour jaser, pour placoter, et pour voir qui arrivait et qui partait.

 

Comme dans le reste de ma petite ville natale, la gare (ou la station) était un lieu très animé. À cette époque, les baby-boomers étaient des ados et il y en avait partout. Le moulin de papier donnait du travail à tout le monde, et il y avait toujours plein de monde dans les commerces, à la tabagie Langlois, chez Babin, au bureau de poste et à l'église. Ça bougeait partout. À midi, on entendait en même temps les cloches de l’église et la sirène de moulin. Il y avait toujours du monde sur les trottoirs.

 

Quand on n’allait pas au train, on allait au bateau. Les bateaux transportaient le papier journal qui servait à imprimer le New York Times et d'autres journaux au Canada, aux États-Unis ou en Europe. Quand ils allaient au bateau, les gens n'allaient pas seulement voir le bateau et ce qui se passait autour du bateau. Ils apportaient leur canne à pêche pour pêcher l'éperlan au bout de quai en jasant et en placotant. Aller au bateau, c’était une autre occasion de se rencontrer et de se tenir au courant de ce qui se passait.

 

 

Gare.jpg

 

La gare de Chandler

 

 

 



25/08/2024
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