Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Notre époque qui pense en nous

Le titre est un peu bizarre, j’en conviens. Laissez-moi vous expliquer. Il y a un sujet dont je voulais traiter depuis quelque temps mais sans savoir exactement ce que je voulais en dire… jusqu’à ce que je tombe par hasard sur une phrase dans un roman que je viens de finir de lire. Le livre s’intitule L’avancée de la nuit et il a été écrit par Jakuta Alikavazovic, une Française d’origine croate. C’est une histoire d’amour un peu tordue dans laquelle se mêlent des souvenirs de guerre et des observations fort intéressantes sur l’histoire et l’état du monde actuel. La phrase qui m’a inspiré cet article est une réflexion que se fait un des personnages pour expliquer ce qui a motivé ses opinions, ses prises de position et ses actions à une certaine époque de sa vie : « Nous pensions notre époque, Nadia et moi ; nous n’avions pas conscience, bien entendu, que notre époque pensait en nous. »

 

Si, comme moi, vous avez été jeune dans les années 1960 et 1970, vous avez sans doute eu l’impression de participer à un vaste mouvement qui était en train de changer le monde. Je me souviens d’une chanson qu’on entendait à cette époque qui disait : « C’est le début d’un temps nouveau. La terre est à l’année zéro. La moitié des gens n’ont pas trente ans. Bla-bla-bla,-bla-bla-bla. » C’était l’époque du Peace and Love, de mai 68 et de la Révolution tranquille au Québec. On s’imaginait en train de penser et de façonner notre époque mais nous n’étions que l’écho de ce que nous lisions et entendions dans la littérature et les chansons. En réalité, c’était notre époque qui pensait en nous. Maintenant, quarante ans plus tard, nous sommes tentés de croire que ce sont nos expériences et de nos réflexions personnelles qui nous ont amené à modifier nos valeurs et notre vision du monde alors que c’est tout simplement une autre époque qui pense en nous.

 

En fait, ce que je veux dire, c’est qu’à une certaine époque, et je suis certain de ne pas être le seul, si j’avais telle ou telle opinion, si j’ai adopté telle ou telle position, et si j’ai pris telle ou telle décision, c’est beaucoup plus parce que c’était dans l’air du temps que parce que j’avais vraiment réfléchi à ces questions. Comme je l’ai indiqué dans mon introduction à cet article, c’est une chose que j’avais vaguement pressentie, mais je n’avais pas trouvé les mots pour le dire. Grâce à une phrase écrite par une femme née à Paris en 1979, les choses sont devenues pour moi beaucoup plus claires et faciles à exprimer.



25/07/2018
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