Nos rêves
À défaut d'autres mots, nous utilisons le mot "rêve" pour décrire des choses qui se ressemblent mais qui sont essentiellement différentes. C’est l’idée qui m’est venue à l’esprit en écrivant une réponse à un commentaire que ma sœur Louise m’a laissé à la suite de mon dernier article intitulé Un regard intelligent sur soi-même. Dans le présent article, j’aimerais élaborer un peu sur cette idée.
La langue suédoise possède 25 mots pour désigner la neige et il y en a 180 dans la langue parlée par les Samis qui vivent dans le nord de la Finlande. En français, j'estime que nous devrions avoir plus d’un mot pour désigner tout ce que nous appelons rêve, dépendant du contexte dans lequel nous utilisons ce mot. À mon avis, il devrait y en avoir au moins trois. Regardons d’un peu plus près ce que nous appelons communément nos rêves pour voir jusqu’à quel point ce mot décrit des réalités très différentes.
Les rêves ludiques
Il y a tout d’abord les rêves éveillés qu’on fait pour s’amuser en sachant très bien qu’on est en train de rêver. C’est le rêve du petit garçon que j’étais qui patinait sur la bottine et qui s'imaginait pendant quelques instants être Maurice Richard ou Jean Béliveau, et qui le lendemain s’imaginerait être un pompier et quelques jours plus tard Superman. Ce sont des rêves qui sont liés à la créativité et à l’imagination. Je crois qu’ils sont importants pour le développement harmonieux du cerveau. Sans eux, il n’y aurait pas de littérature et de cinéma.
Et il n’y a pas que lorsqu’on est enfant qu’on fait ce genre de rêve éveillé. Quelquefois, le vieux retraité que je suis devenu s’imagine en faisant du ski de fond qu’il en en train de parcourir les derniers mètres d’une compétition internationale qu’il est sur le point de gagner.
Dans la vingtaine, je m’imaginais parfois être un grand écrivain interviewé sur son œuvre par un bonhomme comme Bernard Pivot dans Bouillon de culture alors que je sais très bien que si ça m’était arrivé dans la vraie vie, j'aurais été terrorisé et très malheureux. Je faisais des blagues sur ça avec mes sœurs avec qui j’habitais quand j’étais étudiant.
C’est le genre de rêves que je qualifierais de ludiques et qu’on fait juste pour le fun.
Les rêves de survie
Il y a aussi les rêves qu’on fait pour échapper à une réalité qui est trop difficile à vivre ou à supporter. C’est le cas de ce jeune garçon atrocement brûlé et défiguré dont je vous ai parlé dans un article que j’ai écrit il y a environ un mois. Au cours de l’entrevue diffusée dans YouTube, il dit ceci :
« I like to write stories, poems, and I like to make songs. It just takes you out of the real world. It helps to forget all my pain, and my sadness sometimes that I have. And I think that your imagination can take you to places where you want to be. »
Voici le lien pour la vidéo dans YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=ST9vj2PAScY
On fait ce genre de rêves, qui sont aussi étroitement lié à l’imagination et la créativité, beaucoup plus pour survivre que simplement pour se divertir et s’amuser.
Les rêves anticipatoires
Un autre genre de rêves qu’on fait tout en étant conscient qu’on est en train de rêver, c’est celui qu’on fait au Canada quand il fait -30o C en février et qu’on attend impatiemment la venue du printemps. Ça me fait penser à la chanson L’Hymne au printemps de Félix Leclerc. La voici :
https://www.youtube.com/watch?v=22-jw9xCyMc
C’est aussi les rêves que font les enfants quand ils pensent aux grandes vacances d’été ou le marin qui rêve de retour et du jour où il pourra enfin serrer dans ses bras sa bien-aimée.
Les rêves d’idéal et d’absolu
C’est le rêve que font ceux et celles qui pressentent qu'ils ont un destin important à accomplir en vue d’une finalité qui les dépasse. C’était le rêve qu’a partagé Martin Luther King dans son fameux discours du 28 août 1963 :
https://www.youtube.com/watch?v=6dKimoybmEo
C’est aussi les rêves qui ont habité des personnes idéalistes et généreuses qui ont sacrifié leur vie pour que triomphe la paix, l’amour, la liberté et la justice. Je leur dédie cette magnifique chanson d’Éva :
https://www.youtube.com/watch?v=KNdPpIiWhWA
Tout ceci pour illustrer la nécessité de trouver d’autres mots pour désigner toutes ces réalités que nous mettons indistinctement dans le même sac et que nous appelons communément nos rêves.
P.-S. : Et qu'en est-il des rêves que nous faisons quand nous dormons ? Ça, c'est une autre histoire. J'en parlerai peut-être plus tard dans un autre article.
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