Les saisons
L’automne
Il y a environ un mois, en montant le Sentier de la Chute-de-Luskville, Maria et moi, nous sommes assis sur un rocher pour regarder la vallée et la rivière tout en bas. Le soleil brillait et les couleurs des feuilles, rouges, brunes, jaunes et dorées, paraissaient encore plus vives sous le ciel bleu de ce bel après-midi d’automne. L’air frais était parfumé par l’odeur des feuilles déjà tombées qui recouvraient le sentier. Les gens qu’on rencontrait nous souriaient et on entendait parler toutes sortes de langues autour de nous. Et moi, comme à chaque année, je me faisais la même réflexion. Je me disais que des quatre saisons, l’automne était vraiment ma préférée.
Quelques semaines plus tard, il faisait froid, il pleuvait, il ventait, le ciel était gris, et comme disait le poète François Villon, « il ne restait plus en branches feuilles. »
L’hiver
Aujourd’hui, tout est blanc. Hier soir, et pendant toute la nuit, il a neigé. En marchant dans les rues presque désertes, je pouvais voir les flocons scintiller en tombant doucement devant les lumières de la ville. J’ai pensé à la chanson de Brel qui dit que pour neiger sur Liège la neige avait mis des gants.[1] Quand il n’y a pas de vent et qu’il ne fait pas trop froid, et que la neige reste un moment suspendue entre ciel et terre, c’est comme si la paix descendait du ciel. Je me souviens que quand on était enfants, on fermait les yeux et on ouvrait grand la bouche pour que les flocons viennent se poser sur notre langue. Je sais que dans un mois, peut-être deux, seul au milieu de la forêt, comme je le fais au moins une fois à chaque année, je m’arrêterai de skier pour regarder tomber la neige sur les branches des sapins, et je me dirai que l’hiver, c’est vraiment, mais vraiment, la plus belle saison.
Dans quelques jours, la neige sera remplacée par de la pluie verglaçante, la neige sera grise et sale, et les rues seront dangereuses et glissantes. Ça aussi, ça fait partie de l’hiver.
Le printemps
Dans quatre mois, ce sera le printemps. Le ciel sera rempli du cri des canards et des outardes qui passeront comme des nuages au-dessus de notre chalet en revenant de leur exil. Il y aura des odeurs de printemps dans l’air quand la neige fondante se mêlera à la terre mouillée. Les arbres commenceront à bourgeonner et les oiseaux à chanter. Les ruisseaux libérés des glaces qui les gardaient prisonniers jailliront du flanc des montagnes jusque dans la vallée. Et je penserai à Félix Leclerc et à son Hymne au printemps.[2] Et devant ce spectacle du miracle de la vie qui renaît, devant cette puissance de la Nature, je m’inclinerai en me disant tout bas que, quoi qu’on en dise, les amoureux ont bien raison de dire que le printemps est la plus belle des saisons.
Mais au printemps, il y aura aussi des inondations…comme à chaque année. L’an prochain, il y aura peut-être un peu moins d’eau que d’habitude, ou il y en aura peut-être un peu plus, mais il y en aura, ça, c’est certain. Quand l’eau se sera retirée, elle laissera sur le plancher de ciment du sous-sol de la boue et des débris qu’il faudra nettoyer. Plusieurs objets auront été emportés et dispersés et il faudra tenter de les récupérer.
L’été
Faire du kayak au soleil couchant, après une chaude journée d’été, quand les couleurs de la rivière et du ciel se confondent, c’est magique. On vit toute la journée au milieu des fleurs, des grenouilles et des papillons en écoutant le chant des oiseaux. Il y a les grands hérons qui pêchent des poissons et les oiseaux mouches qui viennent manger les graines qu’on leur a laissées dans les mangeoires. Les chats dorment ou ronronnent à l’ombre des érables ou sous la galerie. On travaille autour du chalet et dans le jardin mais on n’a pas l’impression de travailler. La vie coule lentement comme l’eau de la rivière. Ça sent l’herbe et le fumier. C’est l’été. Et je me dis que c'est la plus belle saison.
Les étés sont devenus maintenant très chauds. Il y a des jours où il vaut mieux ne pas trop sortir et des nuits pendant lesquelles il est très difficile de dormir. On nous dit que c’est à cause du réchauffement climatique et que ça ne va pas s’améliorer. Il va falloir s’habituer…et attendre pour faire du kayak que le soleil soit presque couché.
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