Les rêveries du retraité solitaire

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Les échecs de nos vies

Nos échecs ne devraient pas être ce qui définit ce que nous sommes, mais ils nous aident à comprendre ce que nous sommes devenus et ce que nous avons toujours été.

 

Que ce soit dans nos relations amoureuses, au travail ou par rapport à des objectifs que nous n’avons jamais réussi à atteindre, qui n’a jamais connu d’échecs dans sa vie ? Comme tout le monde, j’ai connu mon lot d’échecs. Mon premier mariage n’a pas été un succès. Avec le recul et en y réfléchissant bien, je peux un peu mieux comprendre pourquoi. Je n’avais pas la maturité nécessaire et j’étais aux prises avec une dépendance à l’alcool que j’avais réussi à tenir en échec pendant les quelques mois qui l'ont précédé en croyant l’avoir définitivement vaincue. Il y a eu d’autres échecs moins grands, dont je garde les cicatrices, mais qui ne n’ont pas eu sur moi un impact assez énorme pour me faire dire que ça avait gâché ma vie.

 

Qu’est-ce que j’ai appris de mes échecs ? En gros, je dirais que mes échecs m’ont appris à connaître mes limites. On entend souvent dire que nous sommes les seuls à imposer des limites à ce que nous pouvons faire. Et on nous donne comme modèles des êtres exceptionnels qui ont accompli des choses extraordinaires malgré des handicaps physiques et intellectuels énormes, comme si l’exemple de leur détermination et de leur courage, et la culpabilité que cela devrait faire naître en nous de ne pas être comme eux, suffisaient à faire de nous des héros.

 

Pour moi, les erreurs que j’ai faites et les échecs qui en ont découlé sont venus en grande partie du fait d’avoir dépassé mes limites et de la croyance un peu naïve que j’avais qu’une aide surnaturelle allait les faire disparaître comme par magie. J’ai appris à vivre à l’intérieur de mes limites et à les respecter, et à être heureux malgré tout. C’est quelquefois frustrant, beaucoup moins maintenant, mais c’est comme ça, et personne ne peut rien y changer. Il y a des choses que nous pouvons envier à d’autres qui les ont, mais que nous, nous n’avons pas et que nous n’aurons jamais. Je pourrais dépenser des fortunes et énormément de temps et d’énergie à suivre des cours de chant, mais je sais que quoi que je fasse, je n’arriverai jamais à chanter comme Pavarotti. C’est un exemple extrême mais ça illustre assez bien ce que je veux dire. Il y a des êtres humains qui ont une voix exceptionnelle comme d’autres ont une résilience et une détermination hors du commun. On ne devrait pas se sentir coupable de ne pas être comme eux.

 

Il y a une autre chose que j’aimerais ajouter par rapport aux échecs. Je ne crois pas qu’avec le recul et la réflexion tous les échecs se transforment miraculeusement en expériences positives et en leçons de vie qui nous réjouissent le cœur et nous aident à progresser et à nous épanouir. Même si c’est vrai dans plusieurs cas, je ne crois pas que nous devrions en faire une règle absolue. Plusieurs restent profondément blessés par leurs échecs qu’ils traînent comme un lourd fardeau pendant le reste de leurs vies. On entend souvent dire que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Encore là, ça correspond souvent à la réalité pour plusieurs dans certaines circonstances mais ce n’est pas nécessairement toujours vrai.  

 

Pour conclure, je dirais que malgré bien des échecs, ma vie n’a pas été un échec. Malgré une douleur constante que j’ai depuis toujours derrière les yeux et qui ne cesse de s’accentuer avec les années, malgré les crises d’angoisse et de panique, malgré la dépendance que j’ai eu à l’alcool pendant plusieurs années, j’ai réussi à étudier, à lire des milliers de livres, à travailler, à voyager et à faire du sport…et je continue à écrire parce que j’ai encore le goût de le faire.

 

Si vous croyez que votre vie est un échec parce que vous vous comparez à d’autres et que vous avez connus de nombreux échecs, dites-vous bien que nous ne commençons pas tous le voyage au même endroit, et que nous ne partons pas tous avec le même bagage. Je me souviens qu’un jour mon cousin m’a appelé pour m’annoncer que sa thérapie pour contrôler son agoraphobie donnait des résultats et qu’il avait réussi à faire à pied le tour de son quartier. Il savait que j’allais comprendre que c’était pour lui une grande victoire.

 

Et moi qui ne bois plus depuis près de trente ans, je lève mon verre…d’eau pour célébrer nos vies parsemées d'échecs mais qui n'en sont pas moins pour nous des réussites.



31/05/2020
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