Les rêveries du retraité solitaire

Aujourd’hui, en ski de fond, je suis monté au lac Pink par la 15. Après une longue montée, le souffle court et les jambes fatigués, je suis arrivé à une descente. Au moment d’amorcer la descente, j’ai pensé à ce que nous disait Marc, mon entraîneur, il y a 35 ans : « Dans une compétition de ski de fond, les gars…et les filles, les descentes, c’est le seul temps que vous avez pour vous reposer et pour récupérer. Dans une descente, imaginez-vous que vous êtes un chat et relâchez complètement tous vos muscles, ramenez votre respiration à la normale et laissez-vous couler dans la pente sans offrir de résistance. Quand on est tendu, c’est là qu’on panique, qu’on perd le contrôle et qu’on se retrouve sur le cul au milieu de la piste. »

En continuant à skier en direction du lac Pink, je me suis mis à repenser à ça et je me suis dit que ce conseil s’appliquait aussi à la vie en général. Dans la vie, il y a des montées stressantes qui demandent beaucoup d’énergie. Ce sont des périodes, quelquefois très longues, où l’on sent qu’on est presque rendu au bout du rouleau et pendant lesquelles on se demande si on aura assez d’énergie pour continuer. Et puis les choses se tassent et arrive une accalmie. À ce moment-là, nous devrions en profiter pour décompresser et refaire le plein d’énergie, mais ce qui arrive trop souvent, c’est que nous sommes tellement conditionnés à être tendus et stressés que nous continuons à l’être même quand il n’y a plus de raisons de l’être.

Cette façon d’aborder les descentes en ski de fond, je l’ai associé au lâcher prise. Il arrive des moments dans la vie où on a fait tout ce qu’il était possible de faire et où il faut décrocher et cesser de s’en faire pour des choses qui vont peut-être arriver. Il faut apprendre à reconnaître et apprécier ces périodes de calme relatif et bien les utiliser pour se préparer mentalement et physiquement aux autres moments difficiles qui, dans la vie comme pour les montées sur un parcours de ski de fond, vont inévitablement venir.

Une autre chose que nous disait mon entraîneur m’est revenue en mémoire : « Les gars…et les filles, peu importe le terrain, que ce soit un plat, un faux-plat ou une montée, et peu importe la technique que vous utilisez, que ce soit le pas alternatif ou le patin, projetez-vous toujours vers l’avant et profitez au maximum de la glisse. Se projeter vers l’avant dans la vie, ça veut dire pour moi ne pas ressasser inutilement les erreurs du passé une fois qu’on les a corrigées. Profiter au maximum de la glisse, c’est tirer le meilleur parti possible de l’effort qu’on a fourni et aborder les choses avec une certaine aisance qui nous permet de mieux savourer l'instant présent.