Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Le travail et la retraite

Ça fait un peu plus de huit ans que je suis retraité. Si on me demandait si je suis plus heureux maintenant qu’avant, je répondrais « Pas plus ni moins ; chaque chose en son temps. » J’aimais beaucoup le travail que je faisais et je dois avouer que la retraite me faisait un peu peur. J’avais peur de trouver le temps long et de m’ennuyer. Je peux maintenant dire, avec le recul, que j’ai quitté mon emploi au bon moment et que je n’ai jamais regretté ma décision.

 

La retraite, ce n’est pas pour tout le monde. Certains ressentent le besoin de travailler comme ils l’ont toujours fait sans jamais s'arrêter. Je crois que c’est le cas pour plusieurs qui travaillent dans des domaines où ils peuvent continuer à développer leurs talents et leur créativité. Je pense à Leonard Cohen qui a composé de la musique et des chansons jusqu’à son décès, à l’âge de 82 ans. C’est aussi le cas pour d’autres qui font de la recherche et qui veulent aller jusqu’au bout de leurs découvertes. Là, je pense à Hubert Reeves, ce célèbre astrophysicien québécois, vulgarisateur scientifique, écologiste, écrivain et humaniste qui est décédé en 2023, à l’âge de 91 ans. Il n’a jamais cessé d’explorer l’univers. Et il y a ces hommes et ces femmes qui ont fait carrière dans l’administration ou la politique et qui continuent à s’impliquer dans toutes sortes d’activités liées au travail qu’ils faisaient. Je pense à Jean Chrétien qui vient d’avoir 90 ans et qui est encore actif. Quelqu’un m’a dit qu’il se rendait au travail tous les matins comme s’il n’avait jamais pris sa retraite. Je ne sais pas ce qu’il fait exactement.

 

Pour moi qui n’ai pas un potentiel immense à développer et qui ne suis pas habité par une grande passion qui monopoliserait et donnerait un sens spécial à mon existence, je peux dire que la retraite me permet de profiter d’une multitude de petites choses qui ont toujours été là et qui me rendaient heureux quand je travaillais encore, mais dont je ne pouvais pas profiter pleinement parce que je n’avais pas le temps. Par exemple, avant ma retraite, je buvais rapidement mon café parce que je devais me dépêcher pour aller prendre l’autobus. Maintenant, je bois lentement deux tasses de café en regardant les oiseaux par la fenêtre. Même en hiver, dans la cour arrière de la maison, il y a toujours plein d’oiseaux autour de la mangeoire. En été, au chalet, ce sont des hérons, des colibris et toutes sortes d’oiseaux dont je ne connais pas les noms.

 

Quand je vais faire du ski de fond pendant la semaine, il y a beaucoup moins de monde et c’est plus tranquille. Je peux même entendre la neige tomber. Je rencontre quelquefois d’autres retraités avec qui j’échange quelques mots. Et en été, pendant la semaine, on peut faire du kayak sur la rivière sans rencontrer un seul bateau à moteur.

 

Et il y a tout ce temps que j’ai à ma disposition pour regarder toutes sortes de choses sur YouTube : des entrevues avec des écrivains qui viennent de publier un livre, différentes versions de la même chanson, de la poésie, des extraits de livres écrits par des philosophes, des vidéos pour améliorer mes techniques de ski de fond et apprendre de nouvelles figures de danse, d’autres vidéos pour améliorer mon espagnol avec des dialogues et de la grammaire. Il y a aussi des chiens qui dansent, des chats qui font toutes sortes de choses drôles et des gars qui font toutes sortes de conneries, etc.

 

Il ne faudrait pas que j’oublie de mentionner ce que je suis en train de faire maintenant : écrire tout ce qui me passe par la tête, sans but précis, sans être obligé de le faire, juste pour le plaisir d’écrire, et le fait de pouvoir partager instantanément tout ça avec d’autres…même en France.



31/01/2024
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