Les rêveries du retraité solitaire

Il y a quelques jours, j’étais en train de faire du ski de fond au beau milieu de la ville d’Ottawa, sur le sentier qui longe la rivière Rideau de la rue Donald à Bank. Arrive un gars assis sur une grosse machine en direction opposée. Il s’arrête et me dit quelque chose en anglais au sujet du sentier que je ne comprends pas très bien à cause du bruit du moteur de la machine et parce qu’il parle trop vite. Je lui dis que j’apprécie le travail qu’il fait en tant que bénévole. Quand il détecte mon accent, il me parle français. Il a un accent anglais assez prononcé mais son français est excellent. Il m’explique qu’il est en train de damer la piste pour le pas de patin mais que quelqu’un d’autre allait venir deux ou trois heures plus tard pour tracer la piste pour le classique.

À l’écouter parler, j’ai tout de suite su qu’il avait appris le français à l’École de la fonction publique ou dans une école de langues rattachée à cette institution. Il me dit qu’il est retraité depuis quelques années et qu’avant ça il avait travaillé pour le gouvernement fédéral pendant une quarantaine d’années. Il fait aussi du ski de fond. Nous parlons de nos femmes qui ne sortent faire du ski que quand les conditions sont idéales (pas plus froid que -8^oC et pas trop de vent). Nous parlons un peu de l’actualité et de ce qui se passe en Ukraine.

Il a de grand yeux bleus rieurs et un large sourire. Nous nous souhaitons une bonne fin de journée et repartons chacun de son côté, lui sur sa machine et moi sur mes skis de fond. Cette brève rencontre m’a fait chaud au cœur. Moi qui ai enseigné le français à des employés du gouvernement pendant une quarantaine d’années, je me suis dit qu’au-delà de l’apprentissage de la langue uniquement pour le travail, pour le gars que je venais de rencontrer, le fait d’apprendre une autre langue avait élargi son cœur et son esprit et nous avait rapprochés.

It made my day.

https://www.rideauwintertrail.ca/