Les rêveries du retraité solitaire

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La tyrannie de la beauté

La tyrannie de la beauté. J’ai entendu ça quelque part et c’est resté gravé dans ma mémoire. Aujourd’hui, j’aimerais réfléchir un peu à ce que ça peut bien vouloir dire. Je vais le faire à partir de deux proverbes et d’un article. Je crois que c’est un sujet important parce que notre apparence physique occupe une partie importance de ce qui constitue notre identité.

 

Mieux vaut être beau que d’être bon

C’est un vieux proverbe que j’ai déjà entendu quand j’étais jeune mais que je n’ai retrouvé nulle part en ligne. Par contre, j’ai trouvé en ligne plusieurs articles qui en confirment la véracité. Ce proverbe, un peu cynique, n’est pas une prescription mais une constatation. Il dit que pour réussir, la beauté physique est souvent plus importante que la beauté intérieure. Plusieurs études ont été faites et de nombreux articles ont été publiés sur ce sujet. Leurs conclusions vont tous dans le même sens. Les personnes qui sont belles ont non seulement plus d'avantages de toutes sortes mais également plus de chances de réussir que celles qui ne le sont pas.

 

Ceci ne date pas d’hier. Les contes de fée qui nous viennent de nos lointains ancêtres associent toujours la beauté à la générosité et à la noblesse des sentiments, et la laideur à la méchanceté. Le cinéma et un certain type de littérature ont pris la relève. Ceci a pour résultat que quand vous êtes beau, les gens s’imaginent que vous êtes bons, et ils vous traitent avec plus d’indulgence et de considération. Inversement, si vous êtes laid, les gens vont penser que vous êtes méchant, et ils vont être avec vous beaucoup moins indulgents et beaucoup plus méfiants. Étant donné que la perception que les autres ont de nous est en partie ce qui contribue à forger notre identité, ceci a des conséquences désastreuses sur l’image que certaines personnes désavantagées physiquement ont d’elles-mêmes. Est-ce que ça peut faire en sorte que quelqu’un qui au départ n’était pas méchant le devienne par un genre de conditionnement négatif ? C’est fort probable.

 

Pourquoi parler de tyrannie de la beauté ? Je ne sais pas quelle est l’origine de l’expression et dans quel contexte elle a commencé à être utilisée mais je vais vous dire où, moi, je vois la tyrannie. Ça commence souvent à l’école par ce qu’on appelle l’intimidation. Un adolescent qui est différent, physiquement ou autrement, devient le souffre-douleur des autres. Dans les cas extrêmes, soit cet adolescent se suicide ou bien, comme on le voit trop souvent dans les écoles américaines, il tue pour se venger des cruautés qu’il a subies. Dans la très grande majorité des cas, moins sensationnels, il restera profondément blessé et émotivement handicapé pour le reste de sa vie.

 

Un autre visage de cette tyrannie est tout ce que certaines personnes se croient obligées de faire pour devenir plus belles. Ma femme m’a dit qu’il y a au Vietnam de nombreuses jeunes femmes qui se font opérer le nez et les yeux pour correspondre à des critères de beauté qui leur viennent des pays occidentaux. En Corée du sud, c’est la même chose. Ce qui est ironique, c’est que dans ce pays toutes celles qui ont eu recours à la chirurgie esthétique se ressemblent parce qu’elles ont toutes été opérées par des chirurgiens qui ont appris à faire les choses de la même façon. En Chine, plusieurs personnes, le plus souvent des femmes, se font casser les os des jambes pour qu'on puisse y greffer un bout d'os qui ajoutera quelques centimètres à leur taille. On dit que c’est une opération très douloureuse qui prend beaucoup de temps à guérir. En Occident, il y a toute une industrie qui est basée sur le désir d’améliorer son apparence physique : augmentation des seins, crèmes antirides et antivieillissement, régimes amaigrissants, cures et appareils de toutes sortes pour raffermir, rajeunir, etc.

 

Un troisième visage de la tyrannie est quand des personnes dont la beauté extérieure masque la laideur de leur âme utilisent les attraits dont les a gratifiés la nature pour exploiter leurs semblables. On peut penser à ces hommes qui utilisent leur charme et leur beauté pour séduire des jeunes filles dans le but d’en faire des travailleuses sexuelles qui travailleront pour eux et leur rapporteront de l’argent. Il y a aussi ces femmes qui utilisent leur beauté pour séduire des hommes qui les couvriront d’argent et de cadeaux, mais qu'elles n'aimeront jamais et qu'elles laisseront tomber après en avoir tiré le maximum de profit.

 

D’un point de vue strictement pratique, en dehors de toute considération éthique ou morale, nous pouvons affirmer qu’il est effectivement plus avantageux d’être beau que d’être bon.  

 

La beauté n’apporte pas à dîner

C’est de la foutaise ! Non seulement la beauté apporte-t-elle à dîner mais elle apporte aussi à déjeuner et à souper, et si on sait bien l’utiliser, elle peut aussi nous apporter un meilleur emploi et un meilleur salaire, une plus grande crédibilité et plus d’assurance, une BMW ou une Mercedez, un appartement dans un penthouse et un condo en Floride.

 

Les grands et les petits

C’est le titre d’un article que j’ai utilisé pendant plusieurs années avec mes étudiants de français langue seconde de niveau avancé pour susciter des discussions. En gros, l’article dit que par rapport aux petits, les hommes qui sont grands jouissent d’avantages dans tous les domaines de leurs vies que ce soit au niveau professionnel, sportif ou sexuel. L’article précise que l’étude qui a permis d’en arriver à une telle conclusion est très sérieuse et qu’elle s'est échelonnée sur plusieurs années d’observations. Selon cette même étude, pour chaque pouce supplémentaire, un homme peut s’attendre à gagner une dizaine de milliers de dollars de plus par année.

 

Pour ma part, je fais partie des petits. Ça m’a probablement limité à certains égards, mais ça ne m’a pas empêché de faire ce que je voulais. J’ai eu une carrière intéressante sans jamais être superviseur ou patron. De toute façon, je n’ai jamais eu le goût de le devenir. Je considère que j’ai été bien payé pour le travail que j’ai accompli. J’ai fait du judo et du karaté. J’ai parcouru des milliers de kilomètres à vélo. J’ai fait un peu de ski alpin et je fais encore beaucoup de ski de fond et de kayak. J’ai appris à danser et je danse encore. J’ai toujours été limité aux femmes moins grandes que moi mais il y en a des tonnes.

 

On parle souvent du complexe de Napoléon : les hommes petits deviennent des conquérants et des dictateurs pour compenser leur petite taille. Foutaise ! Premièrement, Napoléon mais aussi Staline, qui lui aussi n’était pas très grand, ont vécu à une époque où la taille moyenne des hommes était moins élevée qu’aujourd’hui. Par contre, Vladimir Poutine, qui ne mesure qu’un seul centimètre de plus que moi peut être considéré comme très petit d’après les normes actuelles. Je crois néanmoins que les dictateurs, les petits comme les grands, ne sont motivés que par leur ego démesuré. On n‘a qu’à penser à Trump, qui ne cache pas son admiration pour les dictateurs et qui rêverait d’en devenir un, et à Bashar al-Assad, probablement le plus cruel et le plus sanguinaire actuellement en vie, qui mesurent respectivement 1, 90 m et 1, 89 m (autour de 6’2’’).

 

En conclusion

Même si la nature n’a pas été généreuse avec moi pour ce qui est de la taille, elle m’a malgré tout donné un physique plutôt agréable : des traits réguliers, une belle chevelure châtain (avant que je ne devienne chauve), un regard pensif et un peu rêveur et une physionomie sympathique. Si j’étais né avec des traits durs qui m’auraient donné une expression antipathique et rébarbative, même si j’avais été le même à l’intérieur, est-ce que la rancœur et le dépit d’avoir été aussi mal servi par la nature, combiné au regard qu’aurait porté sur moi les autres, auraient fait de moi quelqu’un de différent ? Pour moi, ça ne fait pas de doute.

 

Quand on est jeune, notre identité est souvent liée à notre apparence physique. Plus on vieillit et qu’on s’approche de la mort, plus on s’identifie à nos valeurs et à nos convictions. Je crois que c’est Saint Paul qui a écrit quelque chose dans le genre : « Au fur et à mesure que l’homme extérieur se détruit, l’homme intérieur se construit. » Je sais que ça n'est pas la citation exacte mais c'est à peu près ce qu'il voulait dire. C'est aussi ce que je pense.

 

 



20/03/2018
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