Les rêveries du retraité solitaire

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La gauche et la droite

Je ne vais pas vous parler de la gauche et de la droite d’un point de vue philosophique ou idéologique parce que l'application pratique de concepts théoriques varie trop dans l’espace et dans le temps pour que je puisse en parler intelligemment dans le cadre de cet article. Par exemple, la droite en Suède est probablement beaucoup plus à gauche que le parti démocrate aux États-Unis, et la gauche canadienne serait considérée carrément socialiste par les Américains.  Un autre exemple : Cuba et le Vietnam sont deux pays communistes. À Cuba, les soins de santé et l’éducation sont gratuits, mais c’est pratiquement impossible de devenir riche; au Vietnam, il faut payer pour se faire soigner et envoyer ses enfants à l’école, mais c’est possible de devenir millionnaire.

 

Je vais donc vous parler de mon expérience personnelle avec la gauche et la droite dans le contexte où j’ai vécu. Tout d’abord, ici au Canada, on ne parle pas beaucoup de gauche et de droite; on parle plutôt des libéraux et des conservateurs. Chez nous, on était libéral depuis plusieurs générations des deux côtés de la famille. Je me souviens que mon grand-père disait que quand les conservateurs étaient au pouvoir à Ottawa et l’Union nationale à Québec, ça voulait dire du temps dur pour les pauvres. Les libéraux avaient la réputation de dépenser plus pour les programmes sociaux et de se préoccuper davantage du sort des moins bien nantis alors que les conservateurs étaient censés mettre de l’ordre dans les finances et stimuler l’économie. En alternant entre la gauche et la droite, on en arrivait à maintenir un équilibre entre la création et la distribution de la richesse.

 

Quand je suis arrivé sur le marché du travail en 1975, les libéraux étaient au pouvoir à Ottawa et à Québec. C’étaient des années de vaches grasses. La Loi sur les langues officielles avait été promulguée par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau en 1969, et on avait commencé à donner des cours de français aux fonctionnaires unilingues anglophones. À Ottawa, c’était facile de trouver un emploi à la Fonction publique fédérale. Les fonctionnaires étaient bien payés, leurs conditions de travail étaient bonnes, et ils avaient la sécurité d’emploi. Comme plusieurs, j’ai commencé à enseigner le français langue seconde, et c’est ce que j’ai fait pendant toute ma carrière qui s’est terminée en 2015.

 

Pour moi qui étais nul en sciences, donc très limité dans mon choix de carrière, qui n’avais pas le sens des affaires, et qui n’avais pas non plus l’esprit combattif et l’agressivité nécessaires pour survivre dans un milieu très compétitif, c’était une chance inouïe. Je n’avais non plus aucun talent monnayable qui m’aurait permis de gagner décemment ma vie. Si les conservateurs avaient été au pouvoir à ce moment-là, il n’y aurait probablement pas eu de Loi sur les langues officielles et de cours de français pour les fonctionnaires; et s’il y en avait eus, les professeurs, selon la loi de l’offre et de la demande, auraient été payés légèrement plus que le salaire minimum (comme ils le sont depuis que le gouvernement conservateur de Stephen Harper a privatisé la formation linguistique).

 

Pour ma part, je peux donc dire que j’ai eu de la chance. J’ai profité des largesses et des mesures progressistes de la gauche, et de la prospérité créé par la droite. Je serais malvenu de mordre la main gauche qui m’a si bien nourri et la main droite qui a permis à la gauche de si bien me nourrir.

 

 



14/11/2018
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