Les rêveries du retraité solitaire

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La dopamine et l'insatisfaction

Il y a quelques années, j’ai écrit un article sur la relation entre la dopamine et les réseaux sociaux. J’ai écrit cet article à partir d’une étude qui révélait que les concepteurs des réseaux sociaux comme Facebook et la plateforme que j’utilise pour mon blogue, qui ont pour ultime objectif de générer des revenus publicitaires, avaient réussi à fidéliser, et même à rendre dépendants et dépendantes les utilisateurs et utilisatrices de leurs produits, en misant sur la dopamine. Ça fonctionne de la façon suivante : on publie un article, ou on partage une photo ou une blague sur un réseau social, et les gens réagissent en indiquant qu'ils aiment ça ou qu'ils adorent ça. Ces réactions produisent chez nous des poussées de dopamine qui nous stimulent, inconsciemment ou non, à en rechercher encore plus. Plusieurs vous diront qu’ils ou elles sont insensibles à ce genre de gratification mais je ne les crois pas. Je ne vous cache pas que le fait de voir qu’un article que j’ai publié a été lu et apprécié provoque chez moi une poussée de dopamine. Quand je vois le petit chiffre 2 qui me dit que deux personnes en même temps sont sur mon blogue, ça ne me laisse pas indifférent. J'ai donc la réaction normale qu'avait prévue les concepteurs de la plateforme que j'utilise.

 

Hier matin, à son émission de radio La nature selon Boucar[1], Boucar Diouf, l’humoriste, biologiste et écrivain québécois pour qui j’ai beaucoup d’admiration et d’estime, interviewait Sébastien Bohler, un docteur en neurosciences et auteur français, qui a publié un essai intitulé Le bug humain dans lequel il parle de la dopamine dans un contexte plus global. Voici un résumé de cet essai que j’ai trouvé en ligne :

 

« Notre pire ennemi est nous-même. L'être humain est devenu sa propre menace. » Sébastien Bohler enseigne dans son dernier essai, Le bug humain, comment le striatum est responsable de notre perte. Le spécialiste en neurobiologie moléculaire explique que cet organe primitif qui produit la dopamine dans notre cerveau nous incite à avoir des comportements nocifs, pour nous et notre planète. 

 

En gros, il nous dit à peu près ceci :

 

  • La dopamine est essentielle aux humains parce qu’elle les pousse à faire ce qui est nécessaire pour assurer leur survie et la survie de leur espèce.

 

  • Les gens qui à cause d’un problème physique ou psychologique n’arrivent pas à produire de dopamine perdent le goût de manger, d’entrer en relation avec d’autres, et finalement de vivre.

 

  • La nature a créé cette réaction chimique dans notre organisme sans mettre de frein au désir qu’ont les humains de rechercher des poussées de dopamine de plus en plus fortes qu’ils obtiennent en accumulant de plus en plus de richesses, de plaisir sexuel, de pouvoir et de reconnaissance.  

 

Sébastien Bohler nous nous dit en conclusion que les religions ont senti le besoin d’établir des règles pour contrôler les comportement nocifs des humains à la recherche de doses de plus en plus fortes de dopamine. Il donne l’exemple des commandements de Dieu. Pour moi, ç’a un certain bon sens. Le fait de vouloir assurer la survie de l’espèce en ayant des relatons sexuelles, qui provoquent une stimulation de dopamine, n’est pas mauvais en soi, mais le fait de vouloir le faire avec les femmes de tous ses voisins peut causer de sérieux problèmes dans une société. Il en est de même pour la cupidité, l’avarice, le vol, le meurtre, et la trop grande importance qu’on attache à soi-même, à son confort et à ses besoins.

 

Les règles imposées par les philosophies et les religions seraient donc des régulateurs de la dopamine.  

Et quels sont les moyens que nous proposent les religions et les sages pour contrôler notre désir grandissant de dopamine ? Il y a bien sûr la punition dans l’autre vie, mais il y a aussi la méditation et la prière. Mon ami André, à qui j’ai suggéré d’écouter l’émission en rediffusion, m’a envoyé cette citation de Saint Augustin : « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède. » Cette pensée s’inscrit dans le désir et la nécessité pour les sages de proposer aux humains une façon plus tranquille d’avoir accès à la dopamine. Et ça fonctionne ! Sébastien Bohler nous dit que la méditation produit de la dopamine d’une façon plus modérée et régulière que les comportements nocifs et excessifs.

 

Loin de moi l'idée de vouloir réduire la spiritualité et la religion à une façon de régulariser la dopamine chez les humains, mais j'ai trouvé très intéressant ce qu'a écrit Sébastien Bohler dans son essai, et j'ai eu le goût de partager ça avec vous. J'avais aussi besoin d'une petite dose de dopamine.

 



[1] La dopamine et l’insatisfaction est le titre que Boucar Diouf a donné à son émission du 26 juin 2021.



28/06/2021
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