La chance
On entend souvent dire que la chance, ça n’existe pas, que tout est question de choix, d’attitude et de volonté. On entend aussi souvent dire que sans énormément de chance, aucune réussite ne serait possible. Pour moi, la vérité se situe entre les deux.
Ceux et celles qui disent que la chance n’a rien à voir avec leur succès ne semblent pas se rendre compte de la chance qu’ils ou elles ont eue tout au long de leur vie… et même avant leur naissance. Pour moi, la chance ou la malchance, c’est ce qu’on ne peut pas contrôler : son code génétique, son apparence physique, sa santé, ses parents, son lieu de naissance, sa langue, sa culture et tout ce que nous vivons quand nous sommes enfants et que nous ne pouvons pas choisir notre environnement et les personnes qui nous entourent et qui nous influencent.
Je pense que tout le monde s’entendrait pour dire qu’un pauvre diable qui a eu le malheur ou la malchance de naître en Corée du Nord n’a pas les mêmes chances d’être heureux et de s’épanouir pleinement que s’il était né en Europe ou en Amérique du Nord. On pourrait dire la même chose d’un enfant né d’une mère accro aux amphétamines ou la cocaïne dans le ghetto d’une grande ville américaine.
Ceci dit, je ne suis pas en train de vous dire que tout est déjà joué et que nous ne pouvons rien changer à notre destin, mais si je sais très bien que les choix que je peux faire, l’attitude que je peux adopter et la volonté que je peux choisir ou non d’exercer ne suffiraient pas pour faire de moi un saint, un athlète de calibre international, un chanteur ou un génie.
Je crois qu’il faut faire la part des choses entre ce qui ne dépend pas de nous mais qui est quand même là, qu’on le veuille ou non, et la marge de manœuvre que nous avons pour donner à notre vie une orientation différente et améliorer ou corriger ce que la nature et notre environnement ont fait de nous.
Prenons, par exemple, mon cas. J’ai eu la chance de naître dans la classe moyenne d’un pays où l’indice de bonheur, tel que mesuré par les Nations unies et autres organismes internationaux, est relativement élevé. J’ai largement profité des mesures sociales mises en place par des gouvernements un peu plus à gauche qu’à droite en ce qui a trait à l’éducation et aux soins de santé. J’ai une gueule plutôt sympathique même quand je ne souris pas. Ça m’a ouvert des portes qui me seraient restées fermées si j’avais eu la malchance de naître avec des traits qui donnent aux gens qui les ont un air rébarbatif et antipathique même s’ils ne le sont pas vraiment.
Là où je peux dire que mes choix et l’attitude que j’ai décidé d’adopter ont fait une différence, c’est par rapport à mon alcoolisme. Je considère que j’ai eu la chance de n’avoir que cela comme handicap. J’aurais pu avoir l’extrême malchance de naître avec un cerveau de criminel ou de mauvaises connexions dans mon cerveau qui auraient fait de moi un pédophile. Pour l’alcoolisme, il aura fallu que je prenne des décisions cruciales, et que je change ma façon de voir et de réagir face à la vie et aux événements qui échappent à mon contrôle. Ça n’a pas toujours été facile mais je considère que ça m’a apporté beaucoup de bonheur, de joie et de satisfaction. Ça m’a aussi forcé à réfléchir sur le sens de ma vie, et ça m’a aidé à découvrir ce qui est important et essentiel pour moi. Si ne je l’avais pas fait, je ne serais sûrement pas en train d’écrire ceci.
Voilà un peu comment je vois la façon dont nous pouvons profiter pleinement de la chance que nous avons eue et composer avec la malchance qui fait aussi partie de la vie.
La reflexion et les idées exprimées dans ce texte me sont venues à la suite de la lecture d'un article que mon amie Martine a publié dans son blogue.
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