César et Dieu
Cet article fait suite au dernier que j'ai publié intitulé Une vision collective et individuelle des choses.
Il y a des empires très puissants qui ont cessé d’exister; il y a des langues parlées par plusieurs qui sont devenues des langues mortes ou qui se sont transformées en d’autres langues ; il y a de nombreuses civilisations qui ont décliné après avoir connu leur apogée ; il y a des religions qui avaient de nombreux adeptes qui sont disparues et qui sont tombées dans l’oubli. Les Français parlaient de la Gloire de la France et les Anglais s’enorgueillissaient de leur vaste Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais. Quand j’étais enfant, on nous enseignait à l’école à être fiers de nos origines, de notre histoire, de notre langue et de notre foi.
Tout cela est très bien mais il ne faudrait pas que notre identité ne soit basée que sur ça. Cette dimension sociale et collective de notre être est très importante et il faut en tenir compte, mais ça ne devrait pas s’arrêter là. Jésus a dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » César, ça représente pour moi toute l’organisation sociale, politique - et dans plusieurs cas - religieuse de la vie. Dieu, c’est la petite voix que l’on entend au fond de notre cœur qui nous parle de ce qui est essentiel quand nous prenons la peine de l’écouter. Il n’y a pas bien sûr de frontière très nette et infranchissable entre ces deux dimensions.
Je crois que quand il y a des élections, il faut aller voter, mais je crois aussi qu’il ne faudrait pas le faire en fonction de nos émotions négatives comme le ressentiment, le désir de revanche ou l’antipathie que nous éprouvons envers un candidat. C’est un peu comme ça que je vois l’interaction entre César et Dieu. Il faut choisir est nous basant sur ce que nous croyons être juste et autant que possible dans l’intérêt du bien commun. Le philosophe Spinoza a écrit il y a plusieurs siècles que nous devrions prendre nos décisions concernant la politique et la gestion de la société en tenant compte uniquement de notre raison et pas avec nos émotions. Moi, je ne vois pas d’inconvénients à ce que nous tenions compte de nos émotions quand elles sont positives.
J’ai écrit dans mon dernier article que personnellement je ne voyais d’inconvénients à vivre dans une monarchie constitutionnelle en autant que je puisse vivre et penser comme je veux. Je n’aurais pas aimé vivre dans l’Espagne de Franco pas plus que je n’aimerais vivre en Corée du Nord. Comme je l’ai écrit dans mon denier article, pour moi la dimension politique et collective de notre être devait être là mais de façon discrète et sans prendre trop de place.
Saint Paul a écrit : « L’amour ne passera jamais. Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. » Un peu plus loin, il ajoute : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » Plusieurs prophètes et poètes ont dit sensiblement la même chose dans d'autres mots dans diffférentes cultures et à différentes époques. Je crois que c'est effectivement ce qu'il y a de plus important.
Pour revenir à la préservation notre identité, de notre culture, de notre langue, je tiens de nouveau à préciser que c’est pour moi très important. Dans ma situation actuelle, retraité et plutôt solitaire, la meilleure façon que j’ai trouvé de préserver et d’aimer ma langue, c’est que quand j’écris mes petites histoires je m’efforce de trouver parmi tous les mots ceux qui existent dans notre langue ceux qui expriment le plus adéquatement ma pensée. Je prends aussi le temps de vérifier une règle de grammaire, de ponctuation ou de typographie quand je ne suis pas sûr…même si vous êtes peu nombreux à me lire.
Pour ce qui est de tout ce qui constitue des menaces à notre identité et à notre survie en tant que société, il faut bien sûr réagir. Il faut voter des lois pour préserver la laïcité de nos institutions et notre langue, mais il ne faudrait pas se tromper de cible. Il y a à l’intérieur de notre société des idéologies qui sont venues des États-Unis, du Moyen-Orient et d’ailleurs qui aimeraient changer notre identité collective. Ces idéologies peuvent être issues du fanatisme religieux, et pas seulement islamique, mais à mon avis elles viennent très souvent de la vision politique inspirée de Trump et des ses disciples.
Tout ceci pour dire qu’il y a nous deux dimensions : César et Dieu. Une fois qu’on a fini de s’occuper de l'une, il faudrait entrer en nous-mêmes pour s'occuper de l'autre.
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