Celui qui écrit et celui qui lit
Il y a, d’une part, celui qui écrit parce qu’il a des choses et des expériences à raconter, des opinions et des idées à partager ; mais surtout, je crois, parce qu’il veut entrer en contact avec d’autres pour se sentir moins seul. D’autre part, il y a celui qui lit parce qu’il veut découvrir et explorer des choses nouvelles, être exposé à de nouvelles idées et façons de penser ; mais surtout, je crois, parce que celui qui écrit a une certaine importance pour lui en tant qu’être humain.
Il arrive quelquefois qu’il y a des distorsions entre le transmetteur et le récepteur. Pour celui qui écrit, ce qu’il veut communiquer est relativement clair dans sa tête. C’est le résultat de ses expériences et de ses réflexions, et c'est l’aboutissement du cheminement intellectuel ou spirituel qu’il a parcouru. C’est aussi le reflet de l’état d’esprit ou de l’état d’âme dans lequel il se trouve et de ses préoccupations et intérêts du moment.
Il arrive que celui qui lit s’attarde à un détail sans importance qu’a mentionné au passage celui qui écrit en croyant que c’était là l’essentiel de ce que ce dernier voulait communiquer ou transmettre. Ça peut parfois être frustrant pour celui qui écrit mais je crois que c’est normal et inévitable. Je sais que ça m’arrive de le faire quand je lis des textes écrits par d’autres. Je passe quelquefois un peu à côté du message parce que je suis rendu à tel ou tel endroit dans mon cheminement, et aussi parce que j’ai telle ou telle préoccupation au moment où je lis ce que je suis en train de lire.
Quelquefois, celui qui lit peut même en arriver à comprendre presque le contraire de ce que voulait dire celui qui écrit. Il est très difficile quand on lit quelque chose de faire abstraction d’où on est et de ce qu’on vit pour se concentrer uniquement sur ce qu’on lit.
Je me souviens d’une expérience dont j’ai parlé dans un texte que j’ai écrit il y a quelques années. Nous avions créé, il y a de cela une vingtaine d’années, un club de lecture. Nous avons partagé nos commentaires et nos impressions au sujet d’un seul livre. C’était un roman d’un auteur français dont j’ai oublié le nom et le titre. Quand nous nous sommes réunis pour en parler, Suzanne a parlé de l’interaction entre les personnages, Francine des endroits où s’est déroulée l’action, et Stéphane qui étudiait pour devenir policier à ce moment-là s’est arrêté sur la façon dont a été menée l’enquête qui faisait partie du récit. Pour ma part, je me suis intéressé un peu à tout ça mais aussi à la ponctuation utilisée par l’auteur. Les autres ont trouvé ça un peu bizarre mais ça faisait partie de mes préoccupations et de mes intérêts à l’époque. J'enseignais le français écrit à des employés de la Banque du Canada.
Il ne faut pas se surprendre de constater que celui qui écrit et celui qui lit, même s’ils font des efforts pour bien se comprendre, ne sont pas toujours exactement sur la même longueur d’onde.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 6 autres membres