Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Aurore

Aurore et sa copine Sandrine sont en train de prendre un café au Petit Café de Montmartre à Paris

 

 

Sandrine : Dis-moi donc, Aurore, pourquoi tu t’appelles Aurore ?

 

Aurore : C’est une belle histoire.

 

Sandrine : Tu peux me la raconter ?

 

Aurore : D’accord ! En 1997, mes parents habitaient à Montréal. Ils travaillaient tous les deux pour une société pharmaceutique française. Ils faisaient un stage au Canada. Ils étaient collègues de travail mais ils ne se connaissaient pas très bien. Pour le week-end de l’Action de grâce, à la mi-octobre, mon père a eu l’idée d’aller voir les aurores boréales à l’île Manitoulin.

 

Sandrine : L’île Manitoulin, c’est au Québec ?

 

Aurore : Non, c’est au nord de l’Ontario, au milieu du lac Huron. C’est la plus grande île d’eau douce au monde. Son nom en ojibwé signifie Île de l’Esprit. C’est un des meilleurs endroits pour voir les aurores boréales au Canada si on ne veut pas se taper des jours et des jours de route pour aller au nord du Manitoba, de la Saskatchewan ou de l’Alberta.

 

Sandrine : Et alors ? Il a demandé à ta mère si elle voulait l’accompagner ?

 

Aurore : C’est ça, et c’est après avoir passé une partie de la nuit à regarder les aurores boréales danser dans le ciel que les collègues de travail sont devenus des amants. Ils sont revenus en France à la fin de l’année et ils se sont mariés au printemps. Et moi, je suis née quelques mois plus tard. Tu comprends maintenant pourquoi je m’appelle Aurore.

 

Sandrine : Oh la la, quelle histoire ! C’est vraiment chouette…et tellement romantique !

 

Aurore : Et toi, Sandrine, tes parents, comment ils se sont rencontrés ?

 

Sandrine : C’était purement par hasard. Mon père avait oublié des documents au bureau. Il est retourné les chercher et il a pris le métro un peu plus tard que d’habitude. En sortant du métro, il y a une jeune fille avec l’accent du midi qui lui a demandé où se trouvait le Saint-Sulpice. Elle avait un tellement beau sourire et les yeux si pétillants, que mon père a décidé de l’accompagner.

 

Aurore : Ç’a été le coup de foudre ?

 

Sandrine : Je crois que oui. Ils ont marché ensemble sur la rue des Canettes et mon père l’a invitée à prendre un café. Ils ont échangé leurs numéros de téléphone et ils se sont revus plusieurs fois à Paris avant que ma mère reparte chez elle. L’été suivant, mon père est allé lui rendre visite à Marseille. Quelques mois plus tard, ils se sont mariés à Paris…à l’église Saint-Sulpice.

 

Aurore : Quelle belle histoire d’amour ! C’est comme dans un film. Tu crois que c’est vraiment uniquement le hasard qui les a fait se rencontrer ?

 

Sandrine : Je ne sais pas. Chose certaine, si mon père n’avait pas oublié ses documents au bureau, je ne serais pas là. Je serais peut-être là mais je ne serais pas moi, tu comprends ?

 

Aurore : Oui, oui, je comprends. Je pense aussi à ça quelquefois. Si mon père n’avait pas eu l’idée d’aller voir les aurores boréales et s’il n’avait pas demandé à ma mère de l’accompagner, tu ne serais pas dans un café en train de bavarder avec une fille qui s’appelle Aurore, ça, c’est certain.

 

 

Pour voir un peu les aurores boréales à l'île Manitoulin :

 

https://www.youtube.com/watch?v=B5R778i8dF0

 

 

Moi qui ai imaginé cette petite histoire, je peux vous dire qu’il est possible pour moi, intellectuellement, de me dire que c’est uniquement par hasard que j’ai rencontré la femme avec qui je vis depuis près de 25 ans ; mais je peux aussi vous dire que, viscéralement, au fond de mon cœur, je continuerai toujours à croire que c’était le destin.

 



21/09/2022
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