Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

2-La Révolution Tranquille

L’arrivée de la télévision a précédé de quelques années la Révolution tranquille.  Elle a été le creuset de la création de nos références culturelles et de l’affirmation de notre identité. Nous avions nos émissions que personne d’autre ne connaissaient, nos vedettes, nos slogans publicitaires, et bien sûr notre façon bien à nous de parler et de nous exprimer. Même si la langue que nous entendions à la télévision n’était pas exactement celle que nous parlions avec nos parents et nos amis, elle nous permettait de nous reconnaître. Je crois que Radio-Canada s’était donné pour mission de relever le niveau de notre langue parlée tout en respectant les particularités du français d’ici, mais sans jamais utiliser une prononciation, un vocabulaire et des structures trop associés au joual

 

Les chansonniers de cette époque comme Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Claude Léveillée, Georges Dor et Raymond Lévesque écrivaient les textes de leurs chansons dans un français qui n’était pas tellement éloigné de celui de Brel, Brassens, Ferrat ou Moustaki. Ce n’est qu’avec l’arrivée d’artistes comme Robert Charlebois et Plume Latraverse au début des années 1970 qu’on a commencé à entendre des chansons dans la langue populaire que nous parlions entre nous à la maison. La même chose s’est produite au théâtre avec Michel Tremblay qui a écrit ses pièces dans une langue qui n’était pas la même que celle de Marcel Dubé. Tout ça a commencé avec la Révolution tranquille quand le Québec a commencé à s’affirmer sur le plan culturel et politique. 

 

Voici la définition de Révolution tranquille que j’ai trouvée par hasard sur le site web du Musée McCord (Je n’ai aucune idée de ce qu’est le Musée McCord mais j’aime bien la définition) : « Le terme Révolution tranquille s’appliquait à l’origine à la période de 1960 à 1966, soit les dix années au  pouvoir du Parti libéral de Jean Lesage.

 

À la télévision, on sentait derrière les textes écrits pour les téléromans, très populaires à cette époque, le désir de « faire populaire » sans que ça devienne trop populiste, en d’autres mots trop joual. Dans la foulée de ce grand mouvement d’affirmation de soi par le biais des arts et des médias, on se sentait responsable, sinon de faire la promotion, du moins de légitimer une langue qui gardaient plusieurs caractéristiques des dialectes qui avaient contribué à sa naissance deux ou  trois siècles auparavant. 

 

La télévision nous a aussi fait découvrir comment parlaient les Français. Quand j’étais adolescent, j’habitais dans une région où il n’avait pas de chaînes anglophones. Tout ce que je regardais était soit en français d’ici, en français de France ou bien en anglais doublé en français par des comédiens français. J’ai appris l’argot parisien en regardant les films d’action d’Eddie Constantine et le français provençal grâce à Fernandel.

 

Mais c’est quand les gens ordinaires d’ci ont commencé à voyager outre-Atlantique qu’ils ont pu mesurer la différence qui existait entre notre façon de parler et celle des Français. C’est une chose de comprendre des chansons, des films et des émissions  en provenance de France, mais c’en est une autre de se faire comprendre par eux en utilisant la langue telle que nous la parlons ici avec sa prononciation, ses mots, ses expressions populaires, et ses structures souvent calquées de l’anglais. 

 

 



31/03/2018
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