Un conte de Noël
J’habitais à Jonquière. Je devais avoir douze ou treize ans. J’avais un ami dont le nom de famille était Groleau. Étant donné que j’ai oublié son prénom, je vais tout simplement l’appeler Groleau. Groleau habitait dans la paroisse Saint-Raphaël. Son père était médecin légiste et sa mère psychologue. Les Groleau avaient une somptueuse demeure. Groleau était le seul enfant de la famille Groleau.
Un jour, quelques semaines avant Noёl, Groleau me dit : « Viens chez nous, samedi matin ! On va aller couper un arbre de Noёl. » Quand je suis arrivé chez lui, j’ai été impressionné par la taille et le luxe de la maison. Pour Groleau, c’était normal ; il était élevé dans ça. Il me dit que ses parents ne sont pas là, et qu’ils reviendront au début de l’après-midi. Il dit qu’il veut leur faire une surprise. On part dans la forêt qui n’était pas très loin avec une hache, nos tuques enfoncées jusqu’en bas des oreilles, nos mitaines de laine et nos grosses bottes. On trouve un arbre qui a l’air de faire l’affaire : pas trop gros, pas trop petit, et pas trop difficile à transporter. Ou le coupe, et on le traîne dans les rues jusqu’à la résidence des Groleau. On n’était pas sûr si c’était un sapin ou une épinette. On a cassé quelques branches en le forçant à entrer dans la maison. On dépose l’arbre dégoulinant de neige fondante sur l'épaisse moquette du salon. Il y a des aiguilles de sapin ou d’épinette un peu partout. « Tu es vraiment sûr que tes parents vont être contents ? » que je demande à Groleau. Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, la porte ouvre, et maman Groleau fait son apparition. Elle était furieuse.
Je ne suis pas resté longtemps chez les Groleau après ça. Quand je suis parti, Groleau m’a dit : « Je pense que ça n’était pas une bonne idée ! On se voit à l’école lundi ! » Je suis parti en me disant que cette journée-là, Groleau n’avait pas gagné le gros lot.
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