Spiritualité, religion et héritage religieux
Il y a tout d’abord un message qui touche le cœur et l’esprit de ceux et celles qui l’entendent et qui transforme leur vie : c’est la spiritualité. Il y a ensuite les rites. les dogmes, les tradition, l’organisation, la codification, et la prise en charge de ce message par les autorités religieuses et politiques qui très souvent se confondent : c'est la religion. Et puis il y a les coutumes, les lois, les arts, l’architecture et les structures qui découlent de la religion : c'est l'héritage religieux.
Au niveau individuel, certains vous diront qu’il n’y a que la spiritualité qui est importante et authentique. D’autres vous diront que leur religion leur apporte des réponses satisfaisantes à leurs questions existentielles, leur fournit un cadre moral rassurant pour leurs pensées et leurs actions, et leur donne un sentiment d’appartenance à un groupe avec qui partager et exprimer leurs croyances et leurs convictions. Pour d’autres, il y a un attachement réel ou opportuniste à un héritage religieux qu’il faut préserver et défendre.
Dans la pratique, ces distinctions se traduisent par des opinions et des attitudes très différentes par rapport à la façon de considérer les choses. Il y a des gens pour qui la religion, à cause de son caractère rationnel et organisé, ne peut faire autrement qu’entrer en conflit avec la véritable spiritualité. Il y a des gens pour qui la religion se suffit à elle-même, et pour qui le message qui lui a donné naissance n’est pas particulièrement important. Et il y a tous ceux et celles qui défendent ou condamnent leur héritage religieux pour toutes sortes de raisons qui n’ont souvent rien à voir avec le message et la religion sur lequel il a été bâti.
Ces distinctions ne sont pas imperméables. Au cours de sa vie, dépendant des circonstances, de ses intérêts et des influences qu’elle subit, une même personne peut mettre l’accent soit sur sa spiritualité, sa religion ou son héritage religieux. Et il y en a qui vivent toute leur vie en parfaite harmonie avec les trois. Et il y a les politiciens, dans les pays où c’est important de le faire, qui se mettent à témoigner publiquement de leur attachement à leur héritage religieux et de l’importance que leurs convictions religieuses a dans leur vie, et ce même si la religion et la morale n’avaient jamais eu la moindre importance pour eux. Il faut se méfier des dictateurs comme Franco et Pinochet, et de tous ceux qui souhaiteraient les imiter, qui prétendaient se porter à la défense de la nation, de la famille et de la civilisation chrétienne en torturant et assassinant ceux et celles qui ont voulu instaurer un peu plus d’égalité et de justice…et peut-être aussi de fraternité, dans leur pays.
La raison pour laquelle j’ai écrit ceci est que j’entends souvent des gens autour de moi parler à tort et à travers de spiritualité, de religion et d'héritage religieux comme s’il s’agissait d’une seule et même chose. Des gens défendent l'héritage et les traditions d’une religion à laquelle ils ne croient pas vraiment tandis que d’autres, souvent avec raison, craignent d’associer leur spiritualité à une religion de peur qu’elle ne soit contaminée. Pour ma part, avec le temps et la réflexion, chaque chose a fini par trouver la place qui lui revient, mais je crois qu’il faut toujours être prêt à changer parce que le changement est à la base de toute véritable spiritualité. C'est le changement qui permet aux religions d'évoluer et d'éviter que l'importance trop grande qu'on accorde aux traditions ne vienne remplacer ce qui est essentiel par ce qui est accessoire.
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