S’inquiéter ou ne pas s’inquiéter
Je ne veux pas vous parler de l’inquiétude liée aux conséquences désastreuses provoquées par les changements climatiques ou à la menace d’une guerre nucléaire. Comme l’a dit l’ex-président américain Obama, nous serions stupides de ne pas nous inquiéter de ces choses-là parce que c’est vraiment inquiétant. Je ne veux pas non plus vous parler de l’inquiétude face à ce qui pourrait nous arriver au niveau personnel. Allons-nous souffrir de la maladie d’Alzheimer, devenir incontinents, mourir seuls? Ça aussi, c’est inquiétant, et c’est normal d’y penser, mais si nous passons tout notre temps à ne penser qu’à ça, nous ne vivrons plus dans le moment présent.
Ce dont je veux vous parler, c’est de l’inquiétude liée à des choses qui ne devraient pas nous inquiéter outre mesure. Autrement dit, je veux vous parler des personnalités anxieuses qui s’inquiètent de tout et de rien sans pouvoir se contrôler. Je crois pouvoir dire que je fais partie de ces personnes-là. Je me souviens de ma première journée d’école. Je portais un imperméable parce qu’il pleuvait, et je me suis inquiété toute la journée parce que j’avais peur de ne pas le retrouver dans le casier où je l’avais laissé en arrivant à l’école le matin. Quand je conduis ma voiture sur le Queensway à Ottawa, et que je sais que je devrai changer de voie pour prendre une sortie, je commence à m’inquiéter une dizaine de kilomètres avant la sortie parce que j’ai peur de ne pas pouvoir changer de voie à temps.
Quand je regarde autour de moi, je me rends compte que je ne suis pas le seul à être comme ça. Il y plein de gens comme moi. J’ai pu également observer qu’il y a des gens que rien ne semble inquiéter…et pas toujours parce qu’ils n’auraient pas de raisons valables de s’inquiéter. Some people are up to their neck in shit but they don’t seem to give a shit. Je me souviens d’un film français que j’ai vu quand j’étais enfant : « Alexandre le bienheureux. » Le gars se laissait vivre et ne se cassait la tête avec rien, absolument rien. Je me souviens qu’après avoir vu le film, je me suis dit que je devrais peut-être essayer d’être un peu plus comme Alexandre le bienheureux. Ça n’a pas marché. Comme on dit, chassez le naturel et il revient au galop.
À bien y penser, concernant l’inquiétude, je crois qu’il vaut mieux tenter de trouver un équilibre, un juste milieu, entre trop s’inquiéter et ne pas assez s’inquiéter. Quand on ne s’inquiète de rien, rien ne fonctionne : on néglige de payer ses factures, on n’a pas de plan pour faire face à des choses qui pourraient logiquement nous arriver, et on ne sait pas comment réagir quand une tuile nous tombe sur la tête. Quand on s’inquiète de tout, on ne profite de rien. On pense toujours à tout ce qui pourrait nous arriver de pire. Je dois dire que malgré ma tendance naturelle à m’inquiéter, je profite assez bien de la vie. Je crois qu’à cet égard, ce que j’ai appris chez les Alcooliques Anonymes m’a beaucoup aidé à lâcher prise et à diminuer mon anxiété.
On ne peut pas changer sa nature profonde, mais on peut modifier sa philosophie et sa façon de voir les choses. Je serai toujours un anxieux dans ma vie de tous les jours, dans les petits détails de ma vie quotidienne, mais je crois pouvoir dire qu’il s’est installé au fond de moi un fond de sérénité. C’est un peu comme un lac ou une rivière : peu importe s’il y a du vent et des vagues à la surface, quand on descend un peu plus profond, c’est beaucoup plus calme.
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