Si on sait faire
Hier après-midi, en faisant du vélo stationnaire au sous-sol, je regardais une discussion sur une chaîne YouTube de France. On parlait du bras-de-fer entre les États-Unis et la Chine, des droits de douane imposés par Trump, de la riposte de la Chine et du conflit commercial qui s’en est suivi. Au cours de la discussion, un des participants, Loϊk Le-Floch-Prigent (What a name!), qui a dirigé pendant quelques années quelques grandes entreprises françaises, a déploré le fait que plusieurs compagnies occidentales, américaines, françaises et autres, aient décidé de déplacer vers l’Asie, notamment la Chine, la quasi totalité de leur production. Il voit ça comme la perte d’une expertise et d’un savoir-faire. Il a conclu en disant « Si on sait faire, on fait ; si on ne fait plus, on ne sait plus faire. »
J’ai trouvé cette phrase très bien tournée. Pour ne pas l'oublier, je l’ai écrite sur un bout de papier après avoir fini de faire du vélo. Un peu plus tard, je l’ai montrée à Maria pour tester sa compréhension. Elle n’a pas très bien compris ce qu’avait voulu dire Loϊk Le-Floch-Prigent. Je lui ai traduit la phrase en anglais et je lui ai expliqué un peu le contexte dans lequel elle avait été prononcée. La réaction de Maria a été de dire que c’est la même chose pour notre corps. Si on cesse de lui demander de faire certaines choses, il n’arrivera plus à les faire. « If you don’t use it, you lose it. »
Après ça, je me suis mis à penser à toutes les applications que l’on peut faire de cette phrase. C’est vrai dans tous les domaines. J’ai pensé à mon expérience personnelle. Moi qui ai enseigné le français pendant 40 ans, mais qui maintenant parle beaucoup plus souvent anglais que français, il y a quelques jours je n’arrivais pas à me souvenir du mot râper. Je me rends compte également que j’ai beaucoup de difficulté à discuter et à exprimer spontanément mes opinions et mes pensées sur la politique et les enjeux sociaux. Les rares fois que je le fais sont quand je rencontre mon ami André pour nos déjeuners de bonhommes. Même chose pour la danse : si Maria et moi passons trop de temps sans danser, je n’arrive plus à faire des figures très simples et j'en oublie quelques-unes.
En poursuivant un peu plus loin ma réflexion, j’ai constaté que ça faisait un bon bout de temps que je n’avais rien écrit parce que je ne trouvais rien d’intéressant à dire. Je me suis dit que si je cesse d’écrire parce que je n’ai rien à dire, je ne saurai plus le faire quand j’aurai quelque chose à dire. C’est ce qui m’a motivé à écrire ce petit texte.
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