Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Reconnaissance

Hier soir, en faisant de l’exercice avec mon appareil elliptique au sous-sol de ma maison, devant l’écran géant de ma télévision, je regardais un documentaire britannique sur l’alimentation.  On expliquait comment, dans différentes régions du monde, les humains avaient trouvé des façons de produire et de préparer les aliments essentiels au bon fonctionnement de leurs corps et de leur cerveau. À travers les siècles, et de façon instinctive, des civilisations vivant dans des environnements complètement différents, ont découvert ce que la science est venue confirmer plus tard, à savoir que ça prend une combinaison de différents types d’aliments pour pouvoir continuer à vivre et à se reproduire. Il faut aussi que l’énergie nécessaire à préparer les aliments soit inférieure à la quantité d’énergie contenue dans ces mêmes aliments.

 

Ce documentaire m’a fait réfléchir. Je voudrais partager avec vous mes réflexions. Je suis sur cette terre depuis plus de 65 ans. Je n’ai jamais cultivé la terre, et je n’ai jamais élevé d’animaux pour les transformer en nourriture. Même si au cours de ma vie je n'ai préparé moi-même qu'une infime partie de tout ce que j’ai bouffé, j’ai toujours bien mangé. Je n’ai jamais cultivé le coton. Je n’ai jamais cardé la laine des moutons. Je n’ai jamais tanné la peau des vaches et des écureuils pour en faire du cuir. Et pourtant, je ne me suis jamais promené tout nu, et si jamais je décidais de le faire, ce serait par choix et non par nécessité. Je n’ai jamais construit de maison, même pas une cabane à oiseaux, et j’ai toujours été bien logé. Et si je ne suis pas mort de froid en hiver c’est parce que quelqu’un quelque part a fait ce qu’il fallait pour produire de l’électricité ou que quelqu’un d’autre est allé extraire des profondeurs de la terre le pétrole qui a été transformé en huile à chauffage ou en gaz naturel pour me garder le cul au chaud. Sans les lunettes que j’ai sur le bout du nez, je ne serais pas en train d’écrire ceci, et je ne  pourrais d’ailleurs pas faire grand-chose. Il a fallu que quelqu’un les fabrique, ces maudites lunettes, avec des mesures très précises et une technologie avancée. Et même si le temps d’attente est long dans les cliniques et les urgences, j’ai accès à des soins de santé de qualité. Et s’il n’y avait pas eu les vaccins et tous les progrès réalisés en médecine, je ne serais sûrement pas là aujourd’hui. Voilà pour mes besoins essentiels.

 

Je n’ai aucune idée comment fonctionne une voiture ou un avion. Ça ne m’a pas empêché de voyager. J’ai parcouru des milliers de kilomètres bien assis sur mon cul en sirotant un café au-dessus des nuages. J’ai fumé des cigares roulés à la main en regardant le soleil se coucher dans la mer à Cuba. Je fais régulièrement la navette entre notre maison et notre chalet dans une voiture à essence, cette essence que je peux trouver à peu près partout, même dans les coins les plus reculés. Je fais de ski de fond, du vélo et du kayak avec de l’équipement très sophistiqué alors que moi-même je ne pourrais même pas construire un radeau. Et je peux prendre des photos ou des petits films de moi sur mes skis ou dans mon kayak et mettre ça dans Facebook pour que tout le monde me voie. Si je suis constipé ou si j’ai la diarrhée, je peux aller à la pharmacie et trouver une petite pilule qui va m’aider. Je peux écouter en ligne de la musique composée par des génies il y a des centaines d’années, des chansons venus des quatre coins du monde, et trouver à la bibliothèque des milliers de livres que je peux emprunter. Les chiffres que j’utilise pour compter et les lettres que j’utilise pour écrire, il y a quelqu’un qui les a inventés. Et il a fallu l’école pour m’apprendre à les utiliser.

 

Moi qui, hier soir, était en train de brûler le surplus de calories que mon confortable mode de vie m’avait permis d’accumuler, je me suis dit que notre survie, notre bien-être et notre confort dépendent de l’effort, de l’ingéniosité, du génie et du travail acharné de plusieurs personnes qui nous ont précédés, et de plusieurs autres qui vivent à nos côtés. On peut critiquer, avec raison, notre société de consommation et remettre en question certains aspects de nos systèmes de santé et d'éducation, il n’en reste pas moins que ce que nous recevons dépasse largement ce que nous contribuons, et que nous devrions en être reconnaissants.



01/06/2017
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