Au-delà de la peur
J’ai récemment écrit un article dans lequel j’avançais l’idée que lorsque nous sommes motivés par l’amour et l’empathie et que notre but est de préserver quelqu’un d’une souffrance inutile, il est quelquefois justifié de dire un mensonge ou de taire la vérité. J’ai repensé à ce que j’avais écrit et j’ai décidé que pour être honnête avec moi-même, il me fallait ajouter un commentaire pour préciser que ma motivation venait aussi de mon désir d’être aimé et de ma peur de déplaire. En réponse à cela, Martine m’a écrit quelque chose de très inspirant sur la peur qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Je vous invite à lire ce qu’elle a écrit à la suite de mon article intitulé Faut-il toujours dire la vérité ? Ce qui suit est la réflexion qui m’est venue à l’esprit à partir de son commentaire.
Martine a écrit que la peur de ne pas ou de ne plus être aimé vient s’ajouter à toutes les autres peurs qui nous poussent à mentir. Elle ajoute un peu plus loin que la peur fait douter et qu’elle est à l’opposé de l’amour. À bien y penser, c’est vrai. Quand on doute de soi-même et de sa capacité d’aimer et de se laisser aimer, de pouvoir s'affirmer et de se se faire respecter, on vit dans l’angoisse et dans l’inquiétude. On se sent obligé de mentir pour compenser ses faiblesses et ses lacunes. À l’opposé, comme il est écrit quelque part dans l’Évangile « l’amour parfait bannit la crainte ».
Thich Nhat Hanh, le moine bouddhiste vietnamien, a écrit des choses intéressantes au sujet de la peur. Il a même écrit un livre intitulé La peur. Il nous dit que la peur est une énergie très puissante, qu’il compare à l’électricité, et que cette énergie peut nous détruire ou, au contraire, nous donner la force d’agir lorsqu’on arrive à la maîtriser et à la contrôler. Pour lui, c’est par la méditation qu’on arrive à identifier l’origine de ses peurs, à les surmonter et à les transformer en énergie positive.
J’ai lu dans un livre sur la prière écrit par une écrivaine française que l’écriture était pour elle beaucoup plus un acte de méditation que de communication. Ça rejoint, dans une autre tradition culturelle et religieuse, ce que dit Thich Nhat Hanh. Ça rejoint aussi ce que je fais en écrivant ce blog qui est devenu un peu comme mon chemin de Compostelle. J’essaie, en écrivant, de découvrir ce qu’il y a au fond de mon âme. Je chemine parfois avec d’autres pèlerins avec qui ça ma fait du bien d'échanger des pensées et des réflexions, mais je me retrouve toujours seul avec mes peurs, mes souvenirs, mes regrets et mes rêveries. Comme pour un pèlerinage, la solitude fait partie du voyage.
Je crois qu’il est normal pour un être humain d’avoir peur d’être abandonné ou rejeté et de voir disparaître de sa vie les personnes qu'il a aimées; il est normal aussi d’avoir peur de la solitude et de la souffrance, et d'avoir peur de perdre sa dignité et sa mémoire avant de mourir. J'aimerais pouvoir vous dire qu'après tout ce temps passé à méditer et à réfléchir, j'ai finalement trouvé, au-delà de mes peurs, la sérénité et la paix intérieure. Pas du tout ! Je suis peut-être plus conscient de l'origine et de la nature de mes peurs mais j'ai encore peur. Je sais qu'une partie de mes pensées et de mes paroles continueront d'être motivés en partie par la peur et en partie par l'amour, mais tout ce que je peux souhaiter, c'est que l'amour occupe une place plus importante que la peur.
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