Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Monsieur Ernest

Il y a de cela un mois, Maria et moi avons pris un taxi de notre hôtel à Hollywood Beach, en Floride, jusqu’à l’aéroport de Fort Lauderdale. Notre chauffeur de taxi étai Haïtien. Après quelques semaines à ne pas avoir pu parler français et ne pas avoir entendu parler français, j’étais heureux de pouvoir communiquer avec lui dans ma langue maternelle.

 

Monsieur Ernest nous a dit que lui aussi était heureux d’avoir l’occasion de parler français. Il nous a dit qu’il avait émigré aux États-Unis il a y une vingtaine d’années, qu’il ne regrettait pas d’avoir quitté Haïti, qu’il s’était bien intégré à la société américaine et qu’il avait deux enfants qui occupaient des emplois intéressants.

 

J’ai pu constater que Monsieur Ernest était très à l’aise en anglais quand il a répondu aux questions que  lui a posées Maria. Il nous a dit qu’en plus de l'anglais, il avait aussi appris l'espagnol après être arrivé en Floride. Nous avons échangé quelques phrases en espagnol mais nous sommes rapidement retournés au français. Nous avons parlé de langues de et cultures.

 

Monsieur Ernest connaissait assez bien la situation linguistique au Québec et au Canada. Il nous a dit que dans le sud de la Floride, pour les latinos, c’était la même chose avec l’anglais que pour les anglophones de Montréal avec le français. Ils peuvent vivre leur vie entièrement en espagnol sans jamais avoir besoin de parler anglais. Il nous raconté qu’il avait déjà eu affaire avec un fonctionnaire du gouvernement américain qui ne parlait pas anglais. Je lui ai dit : « Incroyable ! » Il s’est retourné vers moi et a dit : « Incroyable mais vrai ! »

 

J’ai demandé à monsieur Ernest dans quelle langue il pensait. Il nous a dit qu’il pensait en créole. Je lui ai dit que je pensais toujours en français. Monsieur Ernest a alors demandé à Maria dans quelle langue elle pensait. Elle nous a dit que quand elle était au Canada, elle pensait en anglais, mais que lorsqu’elle arrivait au Vietnam, elle se remettait à penser en vietnamien.

 

Pour moi qui parle la plupart du temps en anglais mais qui n’ai pas été élevé dans les deux langues, parler anglais n’est pas aussi naturel que pour les francophones qui sont nés à Ottawa. Ce n’est pas non plus aussi naturel que de parler français pour les anglophones de la Gaspésie. Je me souviens des cousins et cousines de mon grand-père qui s’appelaient Furlong, Myles et Ferguson et qui passaient aisément d’une langue à l’autre sans même avoir l’air de s’en rendre compte.

 

Tout cela pour dire que quand je voyage et que je rencontre des bonhommes comme monsieur Ernest avec qui je peux parler français, je trouve ça très agréable et rafraichissant.



06/11/2023
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