Les rêveries du retraité solitaire

La nature, ça peut être ça :

Un couple de canards amoureux qui glisse paisiblement sur l’eau d’une rivière au soleil couchant ;

Un papillon qui se pose doucement sur une fleur dans un été parfumé de roses et de lilas ;

Un bébé renard endormi, blotti bien au chaud entre ses parents qui le regardent tendrement ;

Le vent léger qui caresse les fleurs dans un champ sous le soleil d’une belle journée d’été.

Mais la nature, ça peut aussi être ça :

Une biche que les autres ont laissé derrière parce qu’elle s’est cassé une patte et qui attend en gémissant le loup qui va venir la dévorer ;

Le feu de brousse qui brûle tout sur son passage, y compris les animaux paniqués qui n’ont pas eu le temps de s’enfuir ;

Une gazelle qui meurt de soif près de la rivière desséchée où elle était venue s’abreuver ;

Le dauphin échoué sur la rive qui ne peut plus retourner dans la mer pour respirer.

La nature, c’était ça bien longtemps avant l’arrivée des humains : un mélange de sublimes beautés et de cruelles horreurs. Et les humains sont arrivés au milieu de tout ça, et ils étaient, même s’ils ne le savaient pas, soumis aux mêmes lois :

Une femme donnait naissance à un enfant en bonne santé tandis que l’autre à côté avait un bébé aveugle et sans pieds ;

L’homme grand et fort dominait son groupe et était respecté tandis que le chétif et le faible passait sa vie dominé et mal aimé ;

L’un agonisait dans d’interminables souffrances et l’autre s’éteignait doucement pendant son sommeil ;

La tornade détruisait la maison et la récolte de l’un en laissant intact la maison et la récolte de l’autre.

Et les humains ont essayé de comprendre. Ils se sont dits qu’il y avait des forces obscures qui contrôlaient tout ça. Ils ont offert des animaux en sacrifice, et quelquefois même d’autres humains :

Pour tenter d’amadouer et d’influencer ce qu’ils ont fini par appeler des dieux ;

Pour avoir de la pluie ou pour ne pas avoir trop de pluie ;

Pour avoir une ou plusieurs femmes et des enfants en bonne santé ;

Pour avoir de meilleures récoltes et une bourse bien garnie.

Mais la nature n’est pas là pour récompenser ou punir les humains. Elle ne juge pas et ne condamne pas. Elle agit selon ses propres lois qu’on appelle les lois de la nature. Et pendant des millénaires, les conditions de vie de la grande majorité des humains étaient très précaires :

Ils avaient une espérance de vie qui ne dépassait pas 40 ans et très peu d’enfants atteignaient l’âge adulte ;

Ils souffraient de la faim, de la soif et des intempéries ;

Ils mouraient d’infections que nous traitons avec des antibiotiques ou de maladies pour lesquelles il n’y avait pas de remède ou de traitement, ou bien ils mouraient de virus pour lesquels il n’y avait pas de vaccins ;

Et quand ils souffraient de maladies mentales, on leur disait qu’ils étaient possédés par des démons et quelquefois on les brûlait.

Aujourd’hui, grâce aux avancées technologiques, à la médecine moderne et à la science, les humains ont amélioré leurs conditions de vie. Ils vivent en général plus longtemps et dans de meilleures conditions. Ça n'empêche pas qu'il y a de graves erreurs qui ont été commises par le passé, et qui continuent à être commises aujourd’hui, dans la façon dont nous exploitons et utilisons la nature pour subvenir à nos besoins et améliorer nos conditions de vie. Il y a des conséquences à ces erreurs ; le réchauffement climatique en est une.

Quand les scientifiques nous disent que si le nombre de particules de CO2 dans l’atmosphère continue d’augmenter, la température augmentera au même rythme et qu’il y aura des conséquences désastreuses pour l’humanité si nous ne trouvons pas les moyens de changer le cours des choses, ils ne font pas de la philosophie ou de la morale. Ils nous mettent tout simplement au courant de ce que sont les lois de la nature. À nous de les écouter ou de ne pas les écouter. La nature ne se venge pas. Elle n’a pas d’émotions. Elle fonctionne selon ses propres lois qui n’ont rien à voir avec la compassion ou la morale.