Les rêveries du retraité solitaire

Dans certaines familles anglo-saxonnes, surtout dans les milieux aisés, il y une tradition qui consiste à envoyer à ses amis les plus proches un bilan de l’année qui vient de finir. Dans cette lettre photocopiée qui est forcément la même pour tout le monde, on mentionne les faits marquants et les évènements les plus importants qui se sont produits au cours de l’année : voyages, promotions, acquisition d’une nouvelle maison, mariages, arrivée d’un enfant, etc. Même si on peut faire mention d’un décès ou d’une maladie, l’accent est mis sur les choses positives. On ne mentionnerait pas dans cette lettre qu’un membre de la famille a été arrêté pour conduite en état d’ébriété, qu’un autre a fait faillite ou qu’un autre a perdu son emploi parce qu’il a détourné des fonds.

Je me souviens que lorsque j’étais enfant, quand nous habitions à Thurso, nous recevions à la fin de chaque année une telle lettre de la famille Neil. Je me souviens que je trouvais ça un peu bizarre parce que personne dans ma famille ne faisait ça, et ce, même si nous avons plusieurs cousins et cousines d’origine anglaise.

Maria reçoit chaque année une lettre photocopiée de sa meilleure amie originaire des Philippines qui est mariée à un riche Canadien d’origine britannique. Le ton de cette lettre est plutôt léger, le style est recherché et il y a un humour typiquement anglais. Nous n’avons pas encore reçu la lettre pour l’année 2023, mais nous allons probablement la recevoir d’ici quelques jours.

Cette année, j’ai pensé que je pourrais faire moi aussi un bilan de l’année qui vient de finir, pas tant pour vous parler des voyages que j’ai faits et des choses soi-disant importantes qui me sont arrivées mais plutôt pour vous parler de ce que j’ai appris.

Alors, qu’est-ce que j’ai appris au cours de l’année 2023 ?

En fait, pas grand-chose. J’ai appris quelques nouveaux mots et expressions en espagnol. J’ai approfondi mes connaissances de la philosophie et de l’histoire. J’ai réappris à faire deux postures de yoga que j’avais cessé de faire il y a une vingtaine d’années. Mais ce que j’ai appris qui a changé un peu ma façon de voir les choses et la vie en général, c’est jusqu’à quel point il n’y a pas de limites à la souffrance que certains humains peuvent endurer. J’avais toujours cru un peu naïvement que Dieu ou l’univers avait mis des balises à ce que pouvait arriver aux humains pour préserver leur intégrité et leur libre arbitre, pour préserver ce que nous appelons leur âme. Quand nous faisons ce genre de découvertes, le défi est de les intégrer à nos convictions et à nos croyances, et de continuer malgré tout à vivre sereinement et à espérer.

À vous qui prenez le temps de lire les petits textes que j'écris, je vous souhaite une bonne année 2024, une année remplie de sérénité et d'espoir.