Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Entre le plaisir et la souffrance

Pour la plupart des humains, la vie se passe toujours quelque part entre le plaisir et la souffrance. Il y a quelquefois des périodes pendant lesquelles il y a plus de plaisir que de souffrance alors qu’à d’autres moments de nos vies, il y a plus de souffrance que de plaisir. En général, le plaisir et la souffrance se succèdent comme des notes de musique dans une symphonie ou se confondent comme l’ombre et la lumière dans un tableau.

 

 

 

 

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Il est normal que les humains soient beaucoup plus attirés par le plaisir que par la souffrance. Si l’on nous offrait la possibilité de voyager comme galérien ou comme passager à bord d’un bateau de croisière, très peu d’entre nous choisiraient les galères. Tout au long de nos vies, les décisions que nous prenons ont généralement pour but d’augmenter le plaisir et de diminuer la souffrance. Et quand je parle de plaisir, je ne parle pas uniquement du plaisir des sens à court terme mais également de la sensation de bien-être que nous éprouvons après avoir accompli ou créé quelque chose.

 

 

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On accepte quelquefois de renoncer à un plaisir immédiat pour accéder à un plaisir plus profond et plus durable. On accepte aussi de vivre de la souffrance si l’on juge qu’elle est nécessaire pour atteindre un idéal ou accéder à un état auquel on aspire. Ceci m’amène à réfléchir sur le rôle de la souffrance dans nos vies.

 

Je n’irai pas faire une recherche en ligne pour trouver tout ce qui a été dit ou écrit d’intéressant au sujet de la souffrance. Je vais m’épargner cette souffrance et me contenter de mentionner ce qui me vient spontanément en tête. Il y a tout d’abord Édith Piaf qui a dit que la souffrance, c’est ce qui donne de la valeur aux choses. C’était sur le microsillon que nous écoutions, mes sœurs et moi, lorsque nous vivions ensemble à Ottawa au début des années 1970. Il a aussi ce que le curé avait dit aux funérailles de mon père. Mon père a passé les trois dernières années de sa vie dans un fauteuil roulant sans pouvoir parler. Le curé avait dit en s’adressant à la famille quelque chose dans le genre : « La souffrance que vous avez vécue vous a ramené à l’essentiel. » Je crois que la souffrance a ce pouvoir de nous faire approfondir et découvrir certaines choses. Chose certaine, je ne serais pas qui je suis et je ne verrais pas la vie et les gens comme je les vois maintenant si je n’avais jamais souffert.

 

Tout comme il y a un culte du plaisir et un refus de la souffrance comme ce que l’on retrouve dans la publicité, il y a aussi un culte morbide de la souffrance dans certaines religions. La publicité, de par sa nature et sa raison d’être, nous présente une image idéalisée de la vie. S’il y a l’ombre d’une souffrance, il y a un produit ou une façon de l’éliminer. Dans les massages publicitaires, tout le monde est heureux et la vie est belle.

 

Dans certaines religions et dans certaines cultures à certaines époques, c’est souvent le contraire. Je me souviens que ma grand-mère disait : « Ça va trop bien. Ça peut pas durer. Y a sûrement un malheur qui nous pend au bout du nez. » C’est comme si rien ne pouvait avoir de sens sans la souffrance. Si la souffrance n’était pas là, il fallait la rechercher et surtout ne jamais chercher à l’éviter. Paradoxalement, lorsque cette même religion nous parlait de l’au-delà, il n’y avait pas de souffrance. C’était comme si la souffrance était le prix à payer pour aller au paradis.

 

Progressivement, les choses se sont mises à changer. Ma mère ne voyait plus les choses de la même façon que ma grand-mère. On accepte maintenant l’accompagnement à mourir dans certains cas, quand il n’y a plus devant soi que la souffrance sans aucun espoir de guérison. On accepte aussi qu’il y ait des choses valables qui peuvent exister sans qu’elles ne soient nécessairement accompagnées de souffrance. Je me souviens que lorsque j’étais étudiant en andragogie, j’avais fait un travail de recherche sur le rôle du plaisir dans l’apprentissage. Une des conclusions à laquelle j’en étais arrivé est que l’on apprend beaucoup mieux dans un environnement décontracté et avec des activités ludiques qu’assis derrière son pupitre en tentant de tout mémoriser. Non seulement l’apprentissage se fait mieux, mais il se fait de façon plus holistique. Il ne s’adresse pas qu’au cerveau.

 

Le problème majeur que je vois avec la souffrance, c’est que comme toutes les forces que l’on retrouve dans la nature, elle est aveugle et disproportionnée. Tout comme un cyclone peut frapper dix fois de suite un pays pauvre et déjà dévasté, la souffrance peut s’acharner sur les mêmes individus sans leur donner un moment de répit pour comprendre ce qui leur est arrivé et se préparer pour la prochaine fois.

 

En conclusion, je dirais qu’étant donné que la souffrance est là pour rester, et que nous ne pouvons tout au plus que la soulager du mieux que nous pouvons avec les moyens que nous avons, il faut accepter de vivre avec et en tirer le meilleur parti et les meilleures leçons possibles.

 

 



25/03/2023
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