Les rêveries du retraité solitaire

Cet article est inspiré d’un article intitulé « Le bonheur, c’est d’être soi » que mon amie Martine a récemment écrit et publié sur son blogue.

Les modèles qui nous sont traditionnellement présentés au cinéma et la télé sont très souvent des grandes gueules qui ont la répartie facile et qui se sentent à l’aise dans toutes les situations. Ces modèles sont des hommes et des femmes qui n’ont pas besoin de penser à ce qu’ils vont dire et qui trouvent toujours quelque chose d’intéressant à dire, peu importe avec qui ils sont et l’environnement dans lequel ils se trouvent. Et ce n’est pas seulement une façon de parler et de s’exprimer ; c’est aussi une façon de bouger, de se déplacer et d’occuper l’espace.

https://www.youtube.com/watch?v=e5cg1EeFISo

C’est tout le contraire de moi qui suis plutôt timide et introverti. J’ai pendant longtemps cru qu’en imitant ces modèles je transformerais ma façon d’être et de communiquer, et que ça ferait de moi quelqu’un de plus populaire et de plus heureux. En sortant d’une salle de cinéma, je me disais qu’avec un peu d’efforts et en prenant comme modèle le gars que j’avais vu dans le film, je pourrais devenir un peu comme lui. Je me trompais. Je me rends compte que même si on peut temporairement modifier sa façon d’être et de communiquer pour s’adapter à certaines situations, on ne peut pas changer fondamentalement qui on est.

Pendant les quarante années qu’a duré ma carrière, j’ai dû faire tous les jours des efforts pour sortir de ma coquille et entrer en relation avec les personnes à qui j’enseignais le français langue seconde. Je considère que même si ça n’a pas changé ma nature profonde, ça m’a  grandement aidé à trouver un équilibre et à dépasser mes limites naturelles. Ça m’a aussi apporté beaucoup de satisfaction et de bonheur.

Maintenant que je suis retraité, ma situation a changé. Je n’ai plus besoin de me forcer. Je dois cependant avouer que les efforts que j’ai faits pour être fonctionnel au travail m’ont permis d’acquérir des compétences que je n’ai pas complètement perdues et qui me sont encore très utiles. Maintenant que je n’ai plus besoin de parler autant qu’avant, l’écriture est devenue mon moyen de communication préféré. Écrire me donne le temps de penser et de mettre de l’ordre dans mes idées.

Ce que je retiens de tout ça, c’est que pour être heureux, il faut, bien sûr, s’accepter comme on est, mais sans pour autant renoncer à développer certains traits de caractère que nous n’avions pas au départ.

Je me demande si les extravertis, qui ne semblent pas subir de pressions pour devenir un peu différents, ressentent quelquefois le besoin de se fermer la gueule pour écouter et pour trouver une forme d’équilibre qu'ils n'avaient, eux non plus, peut-être pas au départ.

Le titre que j’ai donné à cet article est inspiré d’une publicité québécoise pour la bière Dow de 1969. Si vous avez mon âge, vous vous souvenez sûrement de ça :

https://www.youtube.com/watch?v=0FAQ5naycAw