Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Les images et les mots

On dit qu’une image vaut mille mots. C’est vrai, mais c’est aussi vrai que pour expliquer une seule image, ça prend quelquefois mille mots.

 

J’ai regardé aujourd’hui sur YouTube un historique des pandémies de l’Antiquité jusqu’à l’époque actuelle. J’écris « regardé » même s’il n’y avait pas d’images. Ce n’était qu’un texte qui défilait à l’écran au fur et à mesure que quelqu’un le lisait. C’est incroyable tout ce que j’ai appris en si peu de temps simplement en écoutant et en lisant des mots qui n’étaient pas accompagnés d’images. On m’a expliqué comment s’est propagée la peste en Europe, et comment a évolué la science malgré les réticences et les fausses croyances au cours des siècles ; on m’a décrit le contexte dans lequel est apparue la grippe espagnole en 1918, les vagues successives de la pandémie, et comment elle s’est terminée après avoir fait des dizaines de millions de morts un peu partout dans le monde.

 

Hier, encore dans YouTube, j’ai écouté une conférence du journaliste américain Chris Hedges sur la situation du monde actuel. Le gars a été journaliste en Amérique centrale, au Moyen-Orient et dans l’ex-Yougoslavie pendant une vingtaine d'années. Il a parlé pendant plus d’une heure de la situation géopolitique du monde et des conséquences qu’allait avoir le déclin de la puissance et de l’influence des États-Unis. Il a fait référence aux Grecs de l'Antiquité et aux empires romains et britanniques, il a parlé des expériences personnelles qu’il a vécues, et il a cité plusieurs historiens qui ont écrit sur le déclin des empires. Encore une fois, pas d’images, seulement un gars qui parle avec des mots.  

 

Je ne veux pas minimiser le pouvoir et l’influence des images. Tout le monde de ma génération se souvient de cette fillette vietnamienne brulée par le napalm qui pleure en courant au milieu d’une route avec d’autres enfants aussi victimes du napalm.[1] On a dit que cette photo avait largement contribué à mettre fin à la guerre. Je crois que c’est indéniable, mais je crois aussi que ça prend des mots pour expliquer la réalité derrière les images. Il y a aussi la photo de ce jeune chinois debout devant un tank qui avance vers lui qui a fait le tour du monde.

 

On a quelquefois tendance à mettre tout ce qu’on trouve en ligne dans le même panier en se disant que ça n’est que de la désinformation et de la propagande. C’est vrai qu’il y a sur les réseaux sociaux plein de choses erronées qui ont pour but de tromper et de manipuler les gens, mais il ne faudrait pas oublier que la propagande a toujours existé. Goebbels, le ministre de la Propagande de Hitler, a plutôt bien réussi avec les moyens dont il disposait à l’époque. La vérité est que l'on peut trouver en ligne des choses extraordinaires. Il y a le meilleur et le pire.

 

Comment fait-on pour se retrouver dans tout ça ? Pas facile, je l’avoue ! Pour moi, je dirais que je me méfie toujours de ce qui est provocateur et sans contexte. Je me souviens d’un court texte que j’ai lu quelque part en ligne il y a environ un an qui disait uniquement que plusieurs des pandémies que nous avons connues récemment venaient de Chine. C’était quand des personnes âgées d’origine asiatique, mais pas nécessairement chinoise, ont commencé à se faire agresser dans les rues aux États-Unis et au Canada. Ce genre d’écrits ne sert pas à mieux comprendre et à informer ; il ne sert qu’à désigner des boucs émissaires.    

 

Je dirais qu’un des grands ennemis de la vérité, c’est la paresse. Les gens ne veulent pas lire des articles trop longs qui analysent toutes les facettes d’une situation dans un contexte historique. Ils préfèrent deux ou trois phrases percutantes qui confirment ce qu’ils pensent déjà. C’est la même chose pour les vidéos : on écoute deux ou trois minutes, on est d’accord, on est convaincu, et on passe à autre chose.

 

En terminant, je dois avouer que pour se taper des articles d’une quinzaine de pages ou pour regarder des vidéos de plus d’une heure, ça prend du temps. Moi, j’ai le temps ; je suis retraité et je n’ai pas d’enfants et de petits-enfants.

 

Je me dis qu'une question que l’on devrait peut-être se poser après avoir lu un article ou regardé une vidéo en ligne est la suivante : « Suis-je mieux informé ou suis-je plus en colère ? » Si je considère que je suis plus en colère que mieux informé, je pourrais me demander si ma colère est justifiée. Très souvent la colère face à certaines situations ou certaines personnes est justifiée mais pas toujours. Dans le doute, il vaut mieux approfondir un peu plus le sujet avant de décider si l'on devrait ou non se mettre en colère.

 

Voilà ce que j’avais à dire au sujet des images et des mots.  

 

 



[1] C’est une cousine de ma mère qui a soigné cette petite fille. Voici son histoire :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1164097/martha-arsenault-infirmiere-petite-fille-napalm-aventuriere

Je l’ai vue pour la dernière fois chez ma tante qui s’appelle aussi Martha il y a une quinzaine d’années. Elle a échangé quelques mots en vietnamien avec ma femme Maria.

 



21/08/2021
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