Les rêveries du retraité solitaire

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Le suicide assisté

Avec le vieillissement de la population, le système de santé québécois devient de plus en plus onéreux et difficile à gérer. De plus, le développement de la technologie et des nouveaux médicaments fait en sorte que le coût des soins ne cesse d’augmenter. Il y a maintenant des traitements et médicaments qui permettent de prolonger la vie de plusieurs années sans trop en compromettre la qualité. Même si ça coûte cher à l’État, je crois que ces traitements et médicaments devraient être disponibles pour tout le monde. Mais s’il s’agit, comme c’est souvent le cas, d’acharnement thérapeutique, je crois qu’il vaudrait mieux consacrer nos ressources à de meilleurs soins palliatifs tout en donnant à ceux et celles qui le désirent un meilleur accès au suicide assisté.  

 

Je sais que le suicide assisté ou l’aide à mourir est un sujet très controversé. L’opinion que nous en avons dépend de plusieurs facteurs : nos croyances, l’éducation que nous avons reçue, nos réflexions et expériences personnelles, mais surtout la situation dans laquelle nous nous trouvons quand nous commençons à réfléchir à ce sujet d’une façon plus pratique qu’abstraite. Je vais donc vous dire ce que j’en pense tout en étant conscient que c’est une opinion personnelle, et que je ne veux convaincre personne de penser comme moi.

 

En général, ce qui fait qu’on s’accroche à la vie, c’est le désir de rester le plus longtemps possible en contact avec les personnes qui nous sont chères comme notre conjoint ou conjointe et nos enfants et petits-enfants. Dans nos sociétés industrialisées, il y a plusieurs personnes âgées qui finissent leur vie seules, sans personne pour venir leur rendre visite et veiller à la qualité des soins qu’elles reçoivent. Même pour les personnes qui ont de la famille pour s’occuper d’elles et veiller à ce qu’elles soient traitées avec dignité et respect, il est déjà très difficile d’éviter les nombreux cas de maltraitance dont nous entendons trop souvent parler et qui sont quelquefois rapportés dans les médias.

 

Pourquoi obliger des personnes qui n’ont plus aucune attache à passer les dernières années de leur vie dans la souffrance et entourées d’étrangers ? Et pourquoi ne pas concentrer l’argent et les ressources de notre système de santé sur les personnes qui souhaitent continuer à vivre et donner un meilleur accès au suicide assisté à celles qui préféreraient accélérer leur départ. Je crois que dans ces conditions tout le monde serait gagnant.

 

Je ne voudrais surtout pas que ça devienne une décision administrative qui se résumerait à une équation : 1) Vous avez des enfants et des petits-enfants et vous avez une raison de continuer à vivre. Vous n’avez donc pas droit au suicide assisté. 2) Vous êtes seul(e) au monde et vous n’avez aucune raison de continuer à vivre. Vous avez donc droit au suicide assisté. C’est trop souvent ce qui arrive quand le gouvernement prend en charge quelque chose. Il n’y a plus de possibilités pour les nuances. D’une part, on peut facilement imaginer quelqu’un qui désirerait rester en vie malgré la solitude et la souffrance en raison de ses croyances religieuses. D’autre part, j’ai une très bonne amie qui m’a confié qu’elle n’hésiterait pas à devancer un peu son départ parce qu'elle avait accompli tout ce qu’elle s’était promis de faire et qu'elle ne voudrait pas devenir un fardeau pour ses enfants et petits-enfants.

 

Il y en a aussi plusieurs qui sont tiraillés entre les deux. J’ai entendu il y a quelques jours à la télévision que plusieurs personnes âgées qu’on a interviewées à ce sujet avaient déclaré qu’elles préféreraient avoir un meilleur accès à de meilleurs soins palliatifs plutôt que d'avoir recours au suicide assisté qui allait à l’encontre de leurs convictions profondes.

 

J’ai parlé au début de cet article de la situation de plus en plus précaire de notre système de santé, mais je ne voudrais pas réduire le débat à des considérations économiques même si je sais qu’elles sont très importantes. C’est avant tout, selon moi, une question de choix et de liberté.

 

 



07/06/2018
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