Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Doux rêve éveillé

C’était au début du printemps. Il avait dix-huit ans. Il est sorti de la maison avec son chien tôt ce matin-là. Il a traversé la route étroite et sinueuse qui fait le tour de la Gaspésie et il a pris le sentier qui mène à la falaise. Tous les deux étaient heureux. Son chien sautait de joie comme s’il était lui aussi délivré de l’hiver. Il pouvait sentir d’un côté l’odeur des pins à l’orée du bois, et de l’autre la terre qui dégelait au soleil dans les champs. Il y avait le vent frais et salé de la mer et des goélands qui tournoyaient dans le ciel bleu. Et Il y avait une musique qui jouait dans sa tête. C’était une musique qu’il avait entendue jouer par ses oncles quelques jours plus tôt, une musique que ses ancêtres maternels venus d’Irlande avaient apportée dans leurs bagages quand ils sont venus s’établir en Gaspésie, un endroit avec la mer et des falaises qui ressemblait étrangement à celui qu'ils avaient quitté.

 

https://www.youtube.com/watch?v=EBiTDLpTUxY

 

Arrivé à la falaise, il s’est assis sur un rocher et a regardé l’immensité de la mer comme s’il regardait la vie qu’il avait devant lui. Son chien s’est couché à ses pieds et ils sont restés quelques minutes sans bouger. Après ça, ils sont descendus lentement de la falaise et ont longé le ruisseau dans la neige fondante pour rentrer à la maison par un chemin différent. Le soleil faisait briller comme des diamants les morceaux de glace que le courant emportant vers la mer. Et dans sa tête il entendait encore la musique qui se mêlait au joyeux murmure du ruisseau qui chantait sa liberté retrouvée.

 

 

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Cap-d'Espoir

 

 

Arrivé à la maison, sa mère était en train d’étendre du linge fraîchement lavé sur la corde à linge. Elle lui a souri tendrement, comme une mère sourit à son enfant même quand il est devenu grand. Il y avait sous le ciel bleu de grands draps blancs qui dansaient en séchant dans le vent, et partout autour de la maison, il y avait plein d'oiseaux qui piaillaint de bonheur parce que le printemps était enfin arrivé. Et la musique continuait de jouer dans sa tête, une musique simple, paisible et sereine comme le bonheur tranquille de sa vie à ce moment-là.

 

L’infirmière est entré dans sa chambre d’hôpital et lui a dit : « Je suis venue pour votre médicament il y a environ une heure. Vous aviez les yeux fermés et vous aviez un grand sourire. Je ne voulais pas vous déranger. Vous aviez l’air tellement heureux…Je me suis dit que votre médicament pouvait bien attendre une heure de plus. » Il lui a souri et lui a dit : « Je ne dormais pas mais j’étais loin, très loin, et c’était très beau. Je vous remercie de ne pas m’avoir dérangé. »

 

 

Mon grand-père maternel, Édouard Lelièvre, est né à Cap-d'Espoir en Gaspésie, en 1889. Son père s’appelait Daniel Lelièvre. La mère de mon grand-père était d’origine irlandaise. Elle s’appelait Bridget Driscoll..

 

 

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Ma mère et ma tante Martha m'ont dit que leur grand-mère irlandaise prenait un p'tit coup de gin tous les soirs avant de se coucher. C'est probablement ce qui l'a aidée à vivre aussi longtemps.

 



13/03/2023
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