Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

Des univers différents

Le 1er janvier, nous étions une vingtaine à célébrer le Nouvel An et l’anniversaire de Gina. Sauf Maria, toutes les femmes étaient Filipinas. Leurs maris sont Franco-Ontariens ou Québécois. Il y avait aussi un Grec qui s’appelle Yanni. Nous parlions tous anglais avec un accent. La plupart des hommes étaient au sous-sol en train de déguster un vieux whisky.

 

Les femmes sont toutes arrivées au Canada alors qu’elles étaient adultes. La plupart travaillent comme femmes de ménage dans des maisons privées, des hôpitaux ou des hôtels. Elles se sont mises à parler de leur vie aux Philippines. Elles vivaient deux, trois, quelquefois même quatre générations, sous le même toit. Yanni nous a dit que chez lui, en Grèce, c’était la même chose. Ils étaient pauvres et leur maison n’était pas très grande. Il a dit que malgré le fait que tout le monde passait la plupart du temps dans la même pièce, chacun avait son petit espace, et qu’on pouvait être seul sans vraiment être seul. Les femmes ont compris ce qu’il voulait dire.

 

 

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Gina nous a confié que ce mode de vie lui manquait. Elle a dit que quand elle retournait aux Philippines, elle n’avait pas de difficulté à se retrouver à dormir dans le même grand lit avec ses sœurs et ses nièces. « We talk about everything: life, love, and our hopes for the future, our joys and our sorrows. » Il y avait de l’émotion dans sa voix. Elle a dit que de temps en temps elle sentait le besoin de retourner aux Philippines. Un peu plus tard, elle nous a raconté, à Maria et à moi, que quelques semaines plus tôt, elle avait trop bu, qu’elle avait été malade, et qu’elle s’était mise à pleurer parce qu’elle avait le mal du pays. Elle va aller aux Philippines avec son mari Michel en février.

 

Après ça, nous sommes descendus au sous-sol  pour manger, chanter et danser. Les Flipinos aiment beaucoup le karaoké. Moi, je dois avouer qu’après quelques chansons, j’en ai assez. Par contre, j’aime beaucoup danser.

 

Pour moi qui suis habitué à avoir beaucoup d’espace où je peux être seul, l’idée de vivre constamment entouré de personnes m’apparaît insupportable. Si j’avais grandi dans une autre culture, ce serait différent. Je serais habitué à ça. À écouter parler ces gens de leurs cultures et de la façon dont ils vivaient dans leur pays d’origine, je me suis rendu compte jusqu'à quel point nos univers étaient différents.

 

Maria et mois allons souvent à des soirées organisées par la communauté philippine d’Ottawa. Toutes générations confondues, ils sont tous là pour s’amuser et danser. Ils dansent en se foutant complétement de ce qu’ils ont l’air quand ils sont en train de danser. Je me dis que c’est comme ça que tout le monde devrait danser. La dernière fois, il y a une jeune femme qui m’a demandé si je voulais danser avec sa grand-mère. J'ai dansé avec sa grand-mère. Je l’ai fait tourner comme une toupie et nous avons beaucoup ri.

 



03/01/2023
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