Les rêveries du retraité solitaire

Les rêveries du retraité solitaire

De l'autre côté de la montagne

Je devais avoir six ou sept ans. On revenait de la Gaspésie en voiture. Il y avait d’un côté de la route le fleuve immense et de l’autre des champs et des montagnes. Une montagne, plus haute que les autres, m’a intrigué. Je me suis demandé ce qu’il y avait derrière, et je me suis dit : « Quand je serai plus vieux, je reviendrai et j’irai voir. Et pas seulement celle-là. J’irai aussi voir ce qu’il y a derrière toutes les autres montagnes. »

 

Presque vingt ans plus tard, je m’apprêtais à rentrer au pays après avoir passé une dizaine de mois en Louisiane. J’étais content de revenir, mais je n’étais pas complètement rassasié de musique et d’exotisme. Je me suis dit que je retournerais un jour dans les bayous pour apprendre à danser la valse et le two-step comme les Cajuns.

 

Les années ont passé et j’ai oublié. On dit que plus on vieillit plus le temps passe vite. C’est vrai. La vie nous entraîne dans son tourbillon. On arrive à la retraite, et on a tout à tout à coup plus de temps pour penser à toutes ces petites choses qu'aurait voulu faire et qu’on n’a pas eu le temps de faire parce qu’on était trop occupés avec les grandes choses qu’il fallait faire : avoir une carrière; acheter une maison; pour certains avoir avoir des enfants; voyager, se faire des amis, avoir des activités enrichissantes pendant ses loisirs. 

 

Ce qui est étonnant quand on repense à tous ces projets un peu farfelus, c'est qu'au moment de les faire, on croyat vraiment qu'on aurait assez de temps pour les réaliser. On n'avait pas la même notion du temps.

 

Nos vies sont souvent comme un roman inachevé avec des intriques qui ne connaîtront jamais de dénouement, des personnages qui disparaissent sans explications, et avec le temps que contrairement aux romanciers, on ne peut pas contrôler. Il y a des chapitres qu'on n'aura jamais le temps d'écrire.

 

Il va sans dire que je ne suis jamais retourné voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la montagne. La vie m’a entraîné, comme ces danseurs de la Louisiane, dans une valse de plus en plus rapide. La Louisiane où, un soir en buvant de la bière, j'avais fait le projet de retourner avec mon frère avec qui je n'ai pas vraiment parlé depuis plusieurs d'années.

 

 

 




12/07/2017
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